Comment s'outiller judicieusement
à l'heure du numérique

Gérer une ferme, c'est également aller au-devant de nombreux défis financiers. Cette année, Terre&Nature a décidé d'aborder une série de questions en lien avec cette thématique.
25 février 2025 David Genillard 
© Marcel G.

Farmable, 365Crop, Farmly, GEOFOLIA, Agrivi… Un petit tour sur les plateformes de téléchargement telles que Google Play ou App Store risque fort de décourager l’agriculteur cherchant à se mettre à l’heure du numérique. Les applications de gestion agricole pullulent et dénicher l’outil idéal constitue une gageure.

Les coups de sonde que nous avons effectués auprès d’Agridea et de Proconseil suscitent la même réponse: la problématique est vaste et ce sont les besoins et les débouchés de chacun qui dictent les choix.

Spécialisé dans le conseil en matière d’applications numériques, le site français Appvizer a listé dix-neuf incontournables. Il décrit de manière succincte les fonctionnalités de chaque logiciel: gestion des stocks, suivi des cultures, planification des pâtures pour le bétail…

Les solutions gratuites sont rares

Il souligne les principaux avantages de ces outils qui permettent «d’optimiser la productivité», «de gagner un temps considérable», «de prendre de meilleures décisions», tout en précisant: «Les solutions gratuites sont rares et nécessitent des fonctionnalités payantes.»

Responsable de la thématique gestion d’entreprise chez Agridea, Jean-Luc Martrou distingue trois grandes catégories d’applications. «D’abord, celles, quasi obligatoires, qui permettent de fournir les informations requises par des tiers, notamment pour l’obtention des paiements directs.» L’OFAG en autorise une dizaine.

S’y ajoutent les outils d’aide à la gestion: «Les carnets de champs, les programmes de suivi des troupeaux…» Et enfin, «les fonctionnalités intégrées à des machines ou installations, telles que tracteurs ou robots de traite».

Depuis trois ans, nous sommes de plus en plus souvent appelés à présenter ces outils dans les écoles d’agriculture.

Pas besoin de passer au bureau

Dans notre pays, Barto, Agroplus et Geofolia ont la faveur des producteurs. Les membres d’IP-Suisse peuvent, quant à eux, s’appuyer sur le programme Smartfarm, bénéficiant d’un rabais: un abonnement annuel à 80 francs au lieu de 120. Barto propose un carnet de champ gratuit, auquel peuvent être ajoutés des modules.

Leurs prix vont de 12 à 200 francs par an. Isagri, le développeur de Geofolia, n’indique pas ses tarifs sur son site, car «ils varient en fonction des besoins, selon qu’on est éleveur, céréalier, arboriculteur, viticulteur», justifie Clément Rivals, directeur d’Isagri et Agroplus en Suisse.

Il faut compter entre 1000 et 2000 francs pour le logiciel, auxquels peuvent s’ajouter des abonnements qui oscillent entre 300 et 600 francs par an.

Enjeu de taille

Ces applications mobiles facilitent le quotidien, estiment plusieurs agriculteurs interrogés: elles permettent de noter en temps réel chaque opération sans devoir passer par le bureau. «Depuis l’application, il est ensuite possible d’extraire les documents nécessaires aux contrôles», plaide un utilisateur de Geofolia.

Clément Rivals le constate toutefois: ses plus gros concurrents restent le crayon et le papier. «On voit encore beaucoup de producteurs qui ne sont pas passés à la digitalisation. Or, la politique agricole impose de plus en plus une traçabilité des interventions. Sur le terrain, la saisie via le portable simplifie cela. L’enjeu est de taille: un contrôle qui se passe mal peut mener à des retenues sur les paiements directs.»

Etudiants pas assez sensibilisés?

Les professionnels sont-ils assez sensibilisés à ces outils? Pas sûr. En 2021, une étude publiée par Agroscope concluait qu’il «existe des différences considérables entre les centres éducatifs en ce qui concerne le numérique. […] Près de 50% des étudiants interrogés ont déclaré que les technologies numériques n’étaient pas abordées dans leur formation.»

Le retard semble toutefois être rattrapé: «Depuis trois ans, nous sommes de plus en plus souvent appelés à présenter ces outils dans les écoles d’agriculture», observe Clément Rivals.

 

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