En Suisse, les poussins mâles ne seront plus tués d'ici à 2025

Tous types d'élevage confondus, la filière des œufs suisses a trouvé un accord qui permettra d'arrêter la mise à mort des poussins mâles. Cette nouvelle solution devrait être opérationnelle l'an prochain.
8 septembre 2024 Milena Michoud
© Adobe Stock
La machine de l’entreprise Orbem et de l’équipementier avicole Vencomatic Group sélectionnera les œufs en déterminant le sexe des embryons «in ovo» à leur 11e et 12e jour d’incubation. Les deux principaux couvoirs suisses  se la procureront pour 2025. © gallosuisse.ch

Sur le marché des œufs, les poules sont nombreuses, mais les coqs inexistants. Pourquoi? «La filière des œufs et celle de la viande sont totalement indépendantes, explique Daniel Würgler, président de GalloSuisse, association suisse des producteurs avicoles. Les races de poules pondeuses ne donneront pas le même rendement d’œufs que celles des poulets à viande.»

Une éclosion d’œuf sur deux donnant naissance à un mâle, la branche avicole fonctionnait jusque-là avec une solution répondant à ces enjeux économiques: mettre à mort les poussins mâles. «Cette méthode soulevait de nombreuses questions et du mécontentement, admet Daniel Würgler. Tant les producteurs que les consommateurs s’accordent à dire qu’il s’agissait d’un sacrifice, mais que tuer des poussins au premier jour de leur vie pose un problème éthique à la société dans son ensemble.»

Un long processus

«En septembre 2020, nous décidions à l’unanimité de chercher une alternative», se remémore Daniel Würgler, prenant alors la tête du groupe de travail sur l’abolition de cette mise à mort. L’année est charnière, elle correspond au moment où Parlement et Conseil fédéral édictent une première interdiction en la matière, obligeant la filière à gazer les poussins, jusqu’alors broyés vivants, avant de les tuer.

En 2021, GalloSuisse organise une première table ronde, qui permet de créer le groupe de travail consacré à la question. «On a réuni de nombreux acteurs», dit le président. Représentants de producteurs, couvoirs, organisations d’élevage, commerçants, détaillants, labels et associations de consommateurs, le tout sous l’œil des autorités sanitaires et vétérinaires fédérales (OSAV) et du centre de compétences Aviforum.

«Il a fallu cinq tables rondes, de nombreuses observations des différentes technologies possibles et un grand nombre de séances internes pour aboutir à un résultat», énumère Daniel Würgler. Avant de nuancer: «Ce temps était nécessaire pour trouver une solution qui servirait notre but et présenterait un coût raisonnable pour toute la filière.»

Solution à deux chemins

Car GalloSuisse y tient, le but poursuivi est commun à tous les types d’élevage: ne plus tuer les poussins mâles. «Il prend simplement deux chemins différents entre le secteur conventionnel et celui du bio», précise Daniel Würgler.

Le premier a opté pour la détection du sexe «in ovo». Développée par l’entreprise munichoise Orbem et l’équipementier avicole Vencomatic Group, une machine mêlera IRM et intelligence artificielle pour déterminer le sexe des embryons au 11e ou 12e jour d’incubation. «Une étude scientifique allemande a déterminé que les embryons ne ressentent pas la douleur avant le 13e jour», indique le président de GalloSuisse. Les couvoirs procéderont ainsi à une sélection en se débarrassant des œufs mâles avant leur éclosion.

De son côté, la filière bio, qui bannissait déjà la pratique du gazage en 2021, garantira le droit à la vie de chaque poussin à travers deux formules: l’utilisation de races de «poule à deux fins» et l’élevage des «frères coqs». Dans le premier cas, coqs et poules sont valorisés à travers une solution hybride: les mâles sont élevés en extensif, mais donnent moins de viande tandis que les femelles pondent bien, mais des œufs moins grands.

«Pour les races de «frères coqs», aucun compromis n’est fait sur les œufs, explique Daniel Würgler. Mais les poulets ont une viande méconnue qui nécessite ensuite d’importants efforts de communication.»

Conséquences sur les prix

«Pour absorber l’impact financier de ces changements sur la chaîne de production, les acteurs du marché se sont accordés: un poussin femelle sortant des couvoirs coûtera 3 francs supplémentaires, indique 
Daniel Würgler. Chacun sera ensuite libre de reporter ces coûts comme il le souhaite.»

La filière s’attend néanmoins à une hausse allant jusqu’à 1,5 centime par œuf en vente directe. Afin d’éviter une distorsion du marché, chaque œuf vendu, en conventionnel comme en bio, contribuera à cette nouvelle mesure à partir du 1er janvier 2025.

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