L'heure d'hiver dérègle la routine des vaches et des éleveurs

Que se passe-t-il dans nos campagnes entre deux récoltes? Deux fois par mois, Terre&Nature chausse 
les bottes et vous emmène à la découverte des facettes moins connues du travail de la terre.
25 octobre 2024 Lila Erard
© DR

La nuit de samedi à dimanche sera longue: dès 3 h 
du matin, il faudra reculer les montres en raison du passage à l’heure d’hiver. Si nous allons gagner une heure de sommeil, la nuit tombera plus tôt.

Au-delà de bousculer notre rythme, cette mesure – entrée en vigueur en 1981 dans le pays – dérègle la routine des vaches et des agriculteurs. À Movelier (JU), Mario Leuenberger élève une cinquantaine de laitières holstein, sur une exploitation de 86 hectares.

Réglées comme des horloges

Chaque jour, il les trait deux fois, à 6 h et à 17 h. «Ce sont des animaux très routiniers qui ont une horloge interne bien réglée. Il faut donc les préparer à ce changement», explique-t-il.

Aussi l’éleveur a-t-il prévu de les traire une demi-heure plus tard la veille au soir, pour ne pas les faire trop attendre le lendemain matin. «Toutefois, quand j’arrive dans l’étable, elles sont souvent déjà levées, bien qu’il fasse encore nuit. Certaines ont même commencé à manger. Leurs mamelles sont bien remplies et des gouttes de lait perlent parfois de leur pis.»

Une grande quantité est récoltée le matin, mais moins le soir, pour un total d’environ 26 litres par tête. «Finalement, malgré ce chamboulement, il y a assez peu d’impact. L’animal ne subit pas un gros stress. Il lui faudra un ou deux jours pour se réhabituer», estime le Jurassien.

Moins perturbant qu’un déménagement

Mathieu Overney, gérant de fédération d’éleveurs Swissherdbook Fribourg, confirme. «Il est assez facile d’accompagner le bétail dans cette transition. Les déménagements ou les modifications dans l’alimentation touchent davantage que le changement d’heure», informe-t-il, ajoutant que les animaux bénéficiant d’un robot de traite sont encore moins concernés, car leur lait est prélevé jusqu’à quatre fois dans la journée.

Le passage à l’heure d’été est-il plus problématique? «Non, car les vaches sont traites plus tôt qu’à l’accoutumée. Les pis sont donc soumis à moins de pression. En revanche, c’est plus compliqué pour les éleveurs, puisqu’on manque de sommeil», répond Mario Leuenberger, qui possède aussi une cinquantaine de chèvres. «En automne, elles sont en fin de lactation, alors il y a assez peu d’enjeux concernant le changement d’heure.»

Fin de l’heure d’hiver?

Alors qu’un nombre croissant de pays souhaite en finir avec cette mesure, une abolition officielle devait entrer en vigueur en 2021 dans l’Union européenne, mais elle a été suspendue avec la pandémie.

Des discussions sont toujours en cours au sein de la Commission européenne. Si elles aboutissent, la Suisse suivra probablement le pas, comme ce fut le cas quarante ans plus tôt, pour s’aligner avec les pays voisins.

Envie de partager cet article ?

Achetez local sur notre boutique

À lire aussi

Accédez à nos contenus 100% faits maison

La sélection de la rédaction

Restez informés grâce à nos newsletters

Icône Boutique Icône Connexion