Transformer l'or bleu pour irriguer de façon plus efficace

Afin de réduire les apports en eau, le système d'irrigation d'Aqua4D modifie la structure de la molécule liquide par électromagnétisme. Reportage à Salquenen (VS), où cette technologie discrète prend tout son sens.
8 août 2024 Pierre Köstinger
Le président de la bourgeoisie de Salquenen, Harald Glenz, teste un système d’irrigation. © photos Sedrik Nemeth
Ce système modifie la structure de l’eau par électromagnétisme, favorisant son absorption par les sols et les racines des vignes. © photos Sedrik Nemeth
© photos Sedrik Nemeth

Simple tube vert camouflé dans le feuillage d’un vignoble de Salquenen (VS), l’installation d’Aqua4D se distingue à peine. Cette technologie électromagnétique de traitement de l’eau, en place depuis deux ans sur cette parcelle de pinot noir, a pourtant permis d’économiser environ 20% d’or bleu, en comparaison de la parcelle voisine et de son irrigation au goutte-à-goutte. «On n’observe pas de différence entre les deux parcelles du point de vue de la qualité du raisin ou de la santé de la vigne», explique Harald Glenz.

De l’eau restructurée

Sondes mesurant l’humidité des sols, utilisation de drones pour surveiller le développement des vignes, vannes électriques commandables à distance: toute une panoplie de technologies est testée à Salquenen pour des investissements à venir de l’ordre de 15 millions de francs, subventionnés aux deux tiers par l’État du Valais et la Confédération. «Notre idée est de monitorer l’évolution des besoins afin de mieux gérer la distribution de l’eau», résume le Valaisan.

Le projet vise à optimiser l’irrigation, mais aussi la qualité de l’eau elle-même. C’est là qu’intervient la technologie d’Aqua4D. Le système de la société sierroise du même nom transforme, au moyen de tubes munis de bobines électromagnétiques (lire l’encadré), la structure de l’eau de manière à augmenter son pouvoir de pénétration dans les sols.

Meilleur stockage de l’eau

«On ne modifie pas la chimie de l’eau, seulement sa structure», précise Thierry Koch, commercial pour Aqua4D. Plus précisément, la technologie agit sur l’association des molécules d’eau. «On réduit la taille des agrégats moléculaires. En comparaison, c’est comme si l’on passait d’un ballon de foot à une balle de ping-pong», ajoute Thierry Koch. Outre une pénétration plus grande des sols, le traitement améliore aussi la dilution des sels minéraux et augmente l’adhérence des molécules d’eau aux racines, assurant à la plante un développement plus sain. Grâce à ce gain en mobilité, l’eau se stocke mieux dans le terrain. «Des études le confirment, la fréquence d’irrigation peut ainsi être réduite», fait remarquer Thierry Koch.

Des golfs 
à l'industrie

Basée à Sierre et forte de 22 employés, Aqua4D a été fondée en 2004. Au départ, la société destinait sa technologie de traitement de l’eau à la lutte contre le tartre dans les habitations. Aujourd’hui, 70 % de son chiffre d’affaires provient du secteur de l’agriculture, l’amenant à ouvrir des filiales en Californie, au Chili et au Pérou. «Nos systèmes servent de plus en plus à l’irrigation des terrains de sport et des golfs», ajoute le commercial Thierry Koch. En Suisse, les cultures fruitières et maraîchères, mais aussi l’industrie, par exemple pour le nettoyage de pièces de précision, sont clientes.

+ d’infos www.aqua4d.com

Alimentation par le solaire

Dans le vignoble de Salquenen, arrivé au bout d’un rang de vigne, Harald Glenz vide nonchalamment un pluviomètre, jetant à peine un œil sur la quantité d’eau qu’il contenait. Cette année, en raison des pluies abondantes, il n’a pas encore fallu irriguer. «Ce qui est exceptionnel», commente-t-il en remontant la pente.

Un peu plus loin, il s’arrête devant le dispositif d’irrigation, alimenté électriquement par un panneau solaire. De prime abord, le système comprend des éléments que l’on trouve généralement dans les installations d’irrigation au goutte-à-goutte. Un premier filtre grossier, des manomètres pour mesurer la pression, un réducteur de pression, un débitmètre, une vanne électrique et, en bout de ligne, le tube de traitement vert d’Aqua4D. «Un tube suffit pour cette parcelle test. Mais une irrigation plus large est conditionnée à un débit de 120 à 150 litres par seconde.» Selon Harald Glenz, il faudrait donc installer plusieurs tubes filtrant en parallèle.

Reste à convaincre

Le Valaisan relève les avantages au système d’Aqua4D. En plus d’une économie du volume d’eau d’irrigation, le contrôle par sonde de l’humidité du sol a montré que celui-ci redevient sec plus rapidement sur la parcelle irriguée normalement par rapport à celle équipée du traitement électromagnétique. «En matière d’utilisation, l’idée est d’irriguer plus souvent, mais moins longtemps», dit-il.

Notant l’inconvénient de l’alimentation électrique, il estime que l’installation d’Aqua4D devrait idéalement traiter l’eau au niveau du premier réservoir central pour une utilisation énergétique optimale. Harald Glenz en est convaincu, les nouvelles technologies peuvent répondre à la diminution des ressources en eau. La tâche la plus ardue, observe-t-il, reste de convaincre les futurs utilisateurs. «Face à de nouveaux problèmes, il ne faut pas rester sur ses connaissances, mais chercher de nouvelles réponses.»

Comment ça marche?

La technologie d’Aqua4D peut supporter jusqu’à 10 bars de pression. Deux éléments distincts la composent, à commencer par un tube en PVC double paroi qui renferme un double circuit de bobinage, le tout protégé des rigueurs du climat par un blindage en aluminium. Là-dessus se greffe un boîtier de commande qui fournit une tension électrique 
et diffuse des ondes électromagnétiques dans le circuit d’eau. Au moyen de très basses fréquences, une bobine interagit avec l’hydrogène et l’autre avec l’oxygène. «Cela permet d’abaisser la tension superficielle de l’eau et donc d’augmenter son pouvoir de pénétration dans le sol», explique Thierry Koch. Le débit du système d’Aqua4D peut être adapté selon les besoins en de l’agriculture ou des espaces verts, de 3,6 m3/h pour les plus modestes à 720 m3/h pour les plus grands. Le prix dépend de chaque situation; à titre indicatif, l’installation de Salquenen (22 m3/h) a coûté 8500 francs.

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