Un gène venu des Caraïbes aide les vaches à mieux supporter la chaleur
Avec l’arrivée des beaux jours, les vaches retrouvent gaiement leurs vertes prairies. Mais leur plaisir est souvent de courte durée. Les bovins souffrent en effet rapidement de la chaleur. Il suffit que la température franchisse la barre des 20°C pour qu’ils commencent à ressentir un certain stress.
Leur appétit est moins grand, leur soif augmente comme leur fréquence respiratoire. Autant de symptômes qui se traduisent surtout par une baisse parfois drastique de leur production laitière. «Elle peut diminuer de 10% lors de périodes de canicule et cela même si chaque tête de bétail boit 150 litres d’eau quotidiennement», indique Jutta Berger, collaboratrice scientifique à Swissgenetics.
Confort génétique
Pour améliorer le confort des vaches ainsi que leur productivité, de nombreuses étables se sont équipées en ventilateurs ou brumisateurs ces dernières années, afin d’atténuer la chaleur au plus fort de l’été. Des agriculteurs choisissent de faire paître leur bétail pendant la nuit, aux heures les plus fraîches ou ombragent leurs prés. Mais d’autres vont plus loin encore, pour éviter le stress thermique occasionné chez leurs bêtes. Ils choisissent d’élever des veaux porteurs d’une caractéristique génétique particulière, provenant d’une race élevée dans les Caraïbes, la senepol.
Les généticiens ont découvert en 2014 que ces animaux ont une mutation génétique sur le chromosome 20. Ce gène, baptisé «slick», fait référence au pelage et à la peau des bovins concernés, qui sont plus lisses que ceux de leurs congénères. «Étant donné que cette variante est transmise de manière dominante, il a été possible ces dernières années de l’introduire dans les races Holstein et Jersey au moyen de croisements», confirme Swissgenetics.
Prisé sur trois continents
L’entreprise d’insémination artificielle, croyant en cette avancée pour la production laitière helvétique, a acquis un taureau porteur de ce gène au nom évocateur: Thermo-Et SL P. Il s’agit du premier géniteur red holstein européen porteur hétérozygote de ce gène.
«On a déjà exporté des doses de ses semences vers neuf pays sur trois continents, souligne Thomas Feitknecht, à la tête des ventes internationales chez Swissgenetics. Les éleveurs montrent un intérêt croissant pour la génétique slick, surtout dans l’hémisphère sud et en particulier dans les zones tropicales. Aujourd’hui, même sous nos latitudes, le stress thermique pour les vaches est un thème auquel les producteurs de lait et de viande sont de plus en plus confrontés.»
Une transpiration plus abondante
Concrètement, les races tropicales, comme la senepol mais aussi le zébu par exemple, ont davantage de plis au niveau du cou – ce qui peut augmenter de près de 30% leur surface cutanée. «Les animaux porteurs de ce gène ont, en outre, des poils plus courts et fins, qui les différencient de leurs congénères», constate Thomas Feitknecht. Ils disposent aussi de glandes sudoripares supplémentaires. En transpirant plus abondamment, ces vaches parviennent à refroidir leur corps plus efficacement que les races laitières élevées en Suisse.
Grâce à ces caractéristiques physiques, ces bovins exotiques parviennent à stabiliser leur métabolisme durant les périodes chaudes. La température corporelle des vaches slick ne grimperait ainsi pas au-dessus de 39°C, dès que la température ambiante avoisine 24°C. C’est un degré de moins que les bovins traditionnels. «Cette mutation n’a de plus aucun effet négatif sur les rendements laitiers ou les gains de poids journaliers dans la production de viande», note Swissgenetics.
À Porto Rico, des chercheurs ont également montré que ces vaches produisent jusqu’à quatre litres de lait supplémentaires par jour pendant les journées chaudes, indiquait récemment le Tages-Anzeiger, ajoutant que la texture de leur robe, légèrement plus grasse que celle des bovins helvétiques, pourrait aussi décourager les mouches de se poser à la surface de la peau. Un désagrément de moins pour les troupeaux au plus fort de l’été.
+ d’infos swissgenetics.ch
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