Un pépiniériste-viticulteur valaisan face aux épreuves climatiques

Intempéries, mildiou ou risques de crue mettent à rude épreuve Matthieu Vergère, directeur de Multiplants à Vétroz (VS). La période s'avère pourtant cruciale pour la réussite de la pépinière.
8 août 2024 Réane Ahmad
Matthieu Vergère, pépiniériste à Vétroz. © Réane Ahmad

Tous les pépiniéristes-viticulteurs, comme Matthieu Vergère à Vétroz (VS), vivent un mois de juillet tendu, alors que la réussite de leur pépinière se joue en ce moment. Les sols gorgés d’eau, la pression du mildiou ou encore la crue du Rhône n’épargnent pas les nerfs du directeur de Multiplants et président des Pépinières Viticoles Suisses (PVS). Observateur de terrain aux côtés de son équipe, le jeune professionnel passe quotidiennement entre les rangs de sa pépinière de 3 hectares à Sion. Il contrôle jour après jour l’évolution des plants greffés et l’humidité du sol. En effet, rien de plus fragile que 
ces près de 600 000 «enfants» mis en 
terre fin mai, encore au début de leur croissance.

Un an et demi de travail

La période actuelle s’avère déterminante, car elle clôt un cycle d’un an et demi de travail du viticulteur-pépiniériste à raison de vingt-cinq opérations successives. La solution pour s’en sortir? «Avoir un bon banquier et un entourage de confiance!» souligne en riant Matthieu Vergère. Durant cette longue gestation, la responsabilité sanitaire pèse aussi sur les épaules des pépiniéristes. En 2019, le Valais a été le premier canton à traiter toute sa production à l’eau chaude pour lutter contre la flavescence dorée. Pour s’offrir plus de marge de manœuvre dans ce contexte propre à la filière, Matthieu Vergère a décidé, lors de sa reprise de Multiplants en 2017, de réviser le mode de facturation.

Accompte dès la commande

Traditionnellement, les acheteurs réglaient la facture lorsqu’ils récupéraient leurs plants à la fin de l’été, voire à Noël. Aujourd’hui, ils versent un acompte de 30% à la commande. «Du côté du client, cela renforce l’engagement et échelonne le paiement. Du côté de l’entreprise, on gagne une certaine sécurité.» À mi-juillet, de premières estimations de la pépinière renseignent sur le nombre de plants viables cette saison. «Au départ, je table sur 50% de réussite en moyenne. Certains lots vont mieux que d’autres en fonction de nombreux facteurs comme le choix du porte-greffe ou la variété.» Les déchets sont, eux, valorisés sous forme de biogaz.

Accompagnement personnalisé

Dans le prolongement de sa relation de confiance avec ses 2000 clients, viticulteurs ou privés, Multiplants développe un accompagnement technique de plus en plus étroit. «Quand il s’agit de reconstituer un vignoble sur une période de trente à quarante ans, il est important de pouvoir rassurer les clients. Nous offrons ce petit supplément par rapport à la concurrence étrangère.» Et celle-ci n’est pas négligeable, puisqu’un plant de vigne suisse coûte 3 fr. 60 contre 2€20 en France, par exemple. Une différence que l’expert justifie aisément par une qualité supérieure grâce au savoir-faire et au travail de sélection notamment.

Travail en partenariat

Sur le plan national, sa société, l’une des plus mécanisées du pays, fait partie des gros acteurs, même si la majorité des vingt-cinq structures reste petite ou moyenne. «Comme partout en agriculture, nous faisons face à des coûts de production élevés et à un manque de relève. Raison de plus pour développer une mentalité solidaire avec nos collègues et nos clients. Nous devons conserver le marché intérieur de 3,2 millions de plants par an», martèle le président des PVS. Le viticulteur de formation pointe aussi un besoin de cohérence en faveur d’une production locale de A à Z. C’est pourquoi il travaille de plus en plus en partenariat avec son collègue Eric Germanier, de Conthey, pour rationaliser davantage les travaux et développer la Sélection Valais, dans le but de sauvegarder le patrimoine viticole cantonal valaisan.

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