À la fois prédateur et animal social,le loup fascine autant qu’il effraie

Dès aujourd’hui, visionnez sur notre chaîne YouTube le nouvel épisode du «Marronnier». Imaginée par le journaliste genevois Witold Langlois, cette série décrypte chaque mois le comportement des animaux de chez nous.
30 janvier 2020 Céline Prior
Le Marronnier

Aïeul de tous les chiens

Au-delà des peurs et des mythes qu’il suscite, le loup reste finalement assez méconnu du grand public, alors même que son plus proche cousin, le chien, nous est des plus familiers! «L’hémisphère Nord ne compte qu’une seule espèce de loup, Canis lupus, qui est l’ancêtre commun de toutes les races de chiens. Génétiquement, ils sont quasi identiques», explique le zoologue genevois Manuel Ruedi. La domestication de ce prédateur est attestée à différents endroits du globe il y a près de 30 000 ans. «Des individus isolés ont sans doute été nourris par les hommes et en sont devenus des alliés plutôt que des concurrents», poursuit le scientifique.

La loi du plus fort

Animal social, le loup vit en meutes composées de trois à sept membres, selon le territoire de chasse à disposition. «Le plus souvent, il s’agit de groupes familiaux, dominés par un mâle et une femelle alpha. Considérés comme les leaders, ils sont les seuls à se reproduire. L’accouplement a lieu en hiver et trois à sept petits naissent au printemps. Tous ne survivent pas, même si le clan collabore pour les nourrir et les élever. Quant au mâle alpha, il est sans cesse défié par des rivaux, face auxquels il doit défendre sa place», précise Manuel Ruedi.

Concerts d’automne

Une fois les petits capables de suivre les parents, la meute quitte le gîte et se met en chasse sur un plus vaste territoire, qui peut atteindre plus de 100 km2. Si chacun va son chemin, le clan se regroupe aussi régulièrement. «C’est en général dans le but de se retrouver sur ce qu’on appelle leur lieu de rendez-vous que les loups hurlent. Seules les meutes le font, les individus solitaires restant plus discrets», relève le biologiste. Une fois rassemblés, ils sont plus efficaces pour s’attaquer à des proies qu’ils ne chassent guère seuls, comme le cerf ou le sanglier. Ils se les partagent ensuite, selon la hiérarchie établie dans le clan.

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À saute-frontières

Dès l’âge de 2 ans, devenus matures sexuellement, les jeunes sont chassés de la meute et doivent se mettre en quête d’un territoire à coloniser. Certains parcourent ainsi plus de 40 km par jour, et ce durant plusieurs semaines. «C’est ce type d’individus qu’on a vu réapparaître en Suisse dès 1994, alors que tous les loups d’Europe centrale avaient été exterminés, sauf en Espagne et dans le centre de l’Italie. Les analyses génétiques ont d’ailleurs pu montrer que tous les loups présents actuellement dans notre pays – soit huit meutes installées entre les Alpes et le Jura pour une soixantaine d’individus au total – sont issus des Abruzzes», indique Manuel Ruedi.

Votation à l’horizon

Source de vives tensions entre, d’un côté, les éleveurs et chasseurs, qui n’en veulent pas sur le territoire helvétique et, de l’autre, les écologistes, qui estiment son retour légitime, le loup n’en reste pas moins une espèce protégée en Suisse. La révision de la loi sur la chasse, qui sera soumise au peuple en mai prochain, ne changera rien à ce statut. «Mais elle modifierait la gestion du prédateur qui, de nationale, pourrait devenir l’affaire des cantons, explique Manuel Ruedi. Avec à la clé des autorisations de tirs préventifs de régulation, même en l’absence de dégâts causés par l’animal.»

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