Des wallabies venus d’Australie au bord de l’Orbe
Au tintement de la cloche située à la porte de l’enclos, les voilà qui se rapprochent, curieux, avec leurs grands yeux noirs, leur pelage brun, leur longue queue et… leurs impressionnants bonds, pouvant atteindre près de sept mètres de long. Ce ne sont pas des vaches, ni des chevaux, mais bien des wallabies, marsupiaux habituellement présents dans les plaines et savanes d’Australie et de Tasmanie, qui vivent à Orbe (VD) depuis une dizaine d’années. Leur propriétaire: l’agriculteur et éleveur de moutons Pascal Michaud. «Avant, il y avait des daims dans ce pré, qui appartenaient à un autre paysan. C’était une attraction dans le quartier! J’ai voulu perpétuer la tradition en accueillant moi aussi des animaux insolites. Et comme je n’ai pas le temps de partir en vacances, j’ai décidé d’amener les vacances à la maison!» lance-t-il gaiement.
Des bonds de 1,5 mètre
Trois fois par semaine, le Vaudois rend visite à ses protégées – quatre femelles, dont deux mères et deux filles –, qui disposent de 4000 mètres carrés de terrain, au bord de l’Orbe. «Au départ, j’en avais six, dont un mâle, qu’un ami m’avait offert. Puis, six bébés sont nés, que j’ai redonnés par la suite pour éviter des problèmes de consanguinité», explique-t-il. Un loisir qu’il partage avec un cercle restreint de passionnés, amoureux des bêtes. «Bien que cette espèce soit chassée pour sa viande dans certains pays, nous n’en faisons aucun commerce. Ici, ce n’est que pour le plaisir!» Élever des wallabies n’est toutefois pas de tout repos. Pour accueillir ces animaux fuyants et capables de bondir à plus de 1,5 mètre de haut, Pascal Michaud a dû faire installer une imposante clôture.
«Cela n’a pas empêché l’un d’eux de détaler dans la forêt il y a quelques années, en forçant le treillis à un endroit où les mailles étaient défectueuses. J’ai dû le rattraper puis le capturer à l’aide d’un filet», se rappelle-t-il. Des fils électriques initialement dédiés aux enclos de bovins ont aussi été posés pour éloigner les renards qui rôdent autour du troupeau. «Malheureusement, cette protection n’a pas suffi contre le lynx, qui a réussi à passer en prenant appui sur un poteau en bois. Cinq wallabies ont péri cette semaine-là. Désormais, j’ai renforcé la sécurité.»
Si ces kangourous de petite taille ne sont pas très câlins, ils se sont toutefois habitués à la présence de l’agriculteur, qui sifflote pour annoncer son arrivée et l’heure du festin. Au menu de ces herbivores: des carottes, des pommes, du foin de luzerne, des granulés pour lapins, du blé, de l’orge et du maïs. «Regardez comme ils mangent avec leurs petites pattes avant, c’est très mignon, glisse tendrement le sexagénaire. L’été, ils se nourrissent surtout d’herbe fraîche, alors je viens moins souvent. Ils ont tout ce qu’il faut pour s’épanouir ici», assure celui qui a dû suivre un cours spécifique consacré à la détention d’animaux exotiques pour avoir l’autorisation d’élever ces étonnantes bêtes.
Mais un mammifère accoutumé aux pays chauds supporte-t-il nos hivers glaciaux? «Bien sûr! s’exclame Pascal Michaud. Le climat océanique de chez lui est très proche du climat européen.» De plus, grâce à son épaisse fourrure, il peut survivre à des températures relativement basses. Une cabane protégée du vent a tout de même été installée dans l’enclos. «Quand ils s’y réfugient, difficile de les trouver. Les wallabies sont très silencieux et ne poussent que quelques grognements discrets lorsqu’ils se chamaillent entre eux.»
Une poche pour les petits
D’ici quelques années, l’Urbigène aimerait reprendre un mâle pour agrandir le troupeau. «Les femelles accouchent généralement d’un wallaby par portée», précise-t-il. Après une courte gestation de 35 jours, celui-ci naît à l’état de fœtus puis rampe le long du ventre de sa mère pour parvenir à sa poche, où il restera jusqu’à l’âge de douze mois. En captivité, l’espérance de vie de ce marsupial est d’environ quinze ans.
Sur la parcelle, un autre animal peu répandu dans nos contrées attire le regard. Il s’agit d’un lièvre de Patagonie. Particulièrement imposant, ce rongeur originaire d’Argentine peut courir à plus de 50km/h sur de courtes distances. «C’est une drôle de bête! De plus, elle mange la même chose que les wallabies, alors je n’ai pas pu résister quand un ami me l’a proposée», sourit le paysan. Mais ce n’est pas tout. Le Vaudois possède également des chevaux, des ânes, des oiseaux exotiques comme la perruche à collier, la calopsitte et le loriquet à tête bleue, ainsi que quatre alpagas, qui partagent le même territoire que les petits kangourous. «C’est très beau de les voir côte à côte dans l’enclos», dit-il, ravi. Un spectacle rare qui fait aussi la joie des promeneurs. L’élevage de Pascal Michaud est bel et bien devenu, comme espéré, l’attraction du quartier.
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