Les mygales ont de plus en plus d'adeptes
Si le seul objectif est d’épater la galerie en la montrant à ses amis, mieux vaut renoncer à adopter cet animal domestique peu banal. Manipuler une mygale est en effet fortement déconseillé, et pas uniquement à cause du risque de morsure. «Les sortir de leur terrarium est une source de stress inutile pour elles, souligne Christophe Hayoz, de Domdidier (FR). De plus, elles pourraient tomber de la main et se blesser mortellement. Une seule de mes mygales, surnommée Maggy par mes enfants, accepte d’être maniée sans montrer d’angoisse.» Ces dernières années, la détention de mygales connaît un succès croissant, au point qu’il est désormais facile d’en acquérir en animalerie. Cette mode a cependant son revers.
«Nombreux sont les nouveaux propriétaires à souhaiter se séparer de leur araignée après quelques mois seulement, regrette le Fribourgeois. Souvent, ils s’en lassent par méconnaissance, regrettant qu’elles restent souvent immobiles.» Actives plutôt la nuit, elles révèlent en effet leurs secrets aux personnes férues d’observations, pour autant que celles-ci soient patientes. On peut ainsi les voir se toiletter avec leurs pattes ou éjecter un surplus de toile. «Une fois nourries, certaines se dressent et effectuent une danse amusante», s’enthousiasme Christophe Hayoz. Cet amateur éclairé détient dans son appartement, ainsi que dans un local spécifique, une centaine de mygales, appartenant à trente espèces différentes. Dès son enfance, il a été intrigué par le monde des araignées, les admirant dans leur milieu naturel. Il en a gardé un intérêt quasi scientifique, notant toutes ses observations soigneusement et comparant le comportement des espèces par région.
Une grande variété d’espèces
Quand on évoque une mygale, on pense immédiatement à une araignée brune et velue. Pourtant, taille, caractère et même comportement varient fortement d’une espèce à l’autre. Elles vivent dans des habitats différents: dans les arbres, au sol ou dans des galeries creusées sous la terre. La palette de couleurs est également vaste, allant du jaune au turquoise, en passant par l’orange vif et le noir. Certaines tissent des toiles au sol, pour attraper leurs proies grâce aux vibrations qu’elles provoquent, d’autres forment des hamacs pour muer. «Mes préférées sont celles originaires d’Indonésie, indique Christophe Hayoz. Elles ont l’air calmes en apparence, mais se révèlent teigneuses si on les dérange, n’hésitant pas à attaquer à une vitesse fulgurante. J’aime ce caractère affirmé, qui demande de la prudence et du doigté.»
Faciles d’entretien et demandant peu de travail, les mygales se contentent d’un terrarium relativement modeste maintenu à une température de 22 à 25 degrés avec une humidité de l’air entre 70 et 80%. Solitaires, elles doivent vivre seules, sous peine de mettre parfois un congénère à leur menu. Leur repas est normalement constitué de proies vivantes (grillons, blattes ou criquets), qu’elles dévorent une fois par semaine. Une racine ou une écorce de liège leur sert de refuge pour se cacher. «Pour débuter, les mygales américaines, plus placides, sont à privilégier», conseille le spécialiste.
En chiffres
Les mygales, ce sont:
2651 espèces réparties sur tous les continents, à l’exception des pôles.
30 ans, la durée de vie de certaines d’entre elles.
3 espèces présentes en Suisse.
4 paires de pattes et 8 yeux.
30 cm d’envergure, la taille de la mygale de Leblond, 0,7 mm, la plus petite.
80 à 250 francs, le prix pour une espèce courante, jusqu’à plusieurs milliers de francs pour les plus rares.
Une descendance abondante
Loin de se contenter d’admirer ses beaux arachnides, Christophe Hayoz s’est lancé avec succès dans la reproduction de plusieurs espèces. L’une d’elles, la Poecilotheria metallica, aux couleurs bleues éclatantes, fait partie de celles gravement menacées d’extinction. «Les élever en captivité permet de maintenir l’espèce. Mon rêve serait de pouvoir à terme la réintroduire dans son milieu naturel, en Inde, sous suivi scientifique.» Pour favoriser la reproduction, il essaie de recréer des conditions identiques à la mousson, en élevant peu à peu la température et l’humidité. Juger du moment le plus opportun pour présenter le mâle à la femelle demande beaucoup d’expérience.
«Si on se trompe, elle en fera son casse-croûte.» Quelques mois plus tard, la femelle tisse un cocon, d’où naîtront près de 200 mygalons en moyenne. Ceux-ci sont vendus dans des bourses ou échangés avec d’autres amateurs. «Mon but ultime serait de pouvoir détenir une Atrax robustus. Sa beauté, et non sa dangerosité, me fascine. Petite, noire et dépourvue de poils, elle se distingue des autres mygales. Son agressivité exige cependant de prendre de nombreuses précautions.»
Toxiques, mais rarement mortelles
Le venin des mygales est un puissant neurotoxique, qui entraîne une paralysie immédiate de leur proie, conduisant à une mort rapide. Mais contrairement aux idées reçues, leurs morsures sont rarement dangereuses pour l’homme, bien qu’elles soient très douloureuses. Seule une espèce australienne, l’Atrax robustus, peut provoquer la mort d’un être humain, si ne un sérum antivenin n’est pas administré à temps. En revanche, la majorité des morsures de mygales risquent de s’infecter si elles sont mal soignées, ce qui peut avoir des conséquences dramatiques. En Suisse, malgré leur dangerosité potentielle, ces arachnides sont en vente libre, contrairement aux serpents venimeux qui nécessitent une formation, validée par le vétérinaire cantonal. À noter que des recherches scientifiques étudient la possibilité d’utiliser le venin de certaines mygales pour soigner des pathologies tel l’accident vasculaire cérébral.
+ D’infos
www.arachnofolies.ch
Envie de partager cet article ?