Charmant petit bourg qui respire la tranquillité, comme la campagne genevoise en compte bon nombre, Soral, point de départ de notre randonnée, est entouré de cultures et plus particulièrement d’un beau vignoble. Une fois la longue fontaine de pierre et les rues fleuries aux façades envahies par le lierre dépassées, on quitte le village après un petit café pris sur le pouce. Un coup d’œil en arrière ne laisse bientôt plus apercevoir que les toits de maisons masquées par les vignes et adossées à la grande muraille du Salève.

Après ceux de Soral apparaissent les toits du village haut-savoyard de Veigy (F) sur l’autre rive boisée d’un petit canyon au fond duquel coule la Laire. Nous longeons ici des terrains en friche d’une spectaculaire exubérance qui rappelle que, dans le canton de Genève, la politique de protection de la nature n’est pas un vain mot. La flore sauvage est d’une richesse qui évoque déjà le sud et ne manque pas d’attirer une foule d’insectes.

Lorsqu’on pénètre avec délice dans l’ombre de la forêt riveraine de la Laire, un panneau interpelle le randonneur. Il souligne la valeur internationale des sites de la Rade et du Rhône genevois en tant que réserve d’oiseaux d’eau et d’oiseaux migrateurs.  Itinéraire pédestre oblige, c’est sur la route asphaltée mais peu passante — en tout cas en pleine journée — du Creux-du-Boisset que l’on se rapproche doucement de notre prochaine étape. De nouvelles parcelles de vigne bordent un côté de la route. Sur l’autre, la part belle est laissée à une luxuriante végétation naturelle qui s’accroche à de vieilles clôtures.

Sézegnin apparaît soudain tout proche à un détour de la route. En arrière-plan s’étire la longue épine dorsale du Jura. Le village semble assoupi sous le soleil de plomb. Pas âme qui vive en ce milieu d’après-midi. Du pont routier qui franchit la frontière, nous comptions suivre le chemin mentionné sur le site de l’Office fédéral de topographie, riverain de la Laire. Ce qui nous aurait permis de faire un tracé en boucle pour notre retour sur Soral. Pas de chance! Celui-ci n’est pas praticable et il nous faut rebrousser chemin. Qu’à cela ne tienne, il est souvent intéressant de revenir sur ses pas. La perception différente que l’on a des choses vues auparavant est différente. Quelques dizaines de mètres au-dessus du petit pont de bois situé à la hauteur de Veigy, un embranchement de chemin auquel nous n’avions pas pris garde à l’aller nous permet d’emprunter enfin un sentier dûment balisé de jaune suivant les berges de la rivière.

En reprenant pied dans le vignoble et sur cette vaste plaine qu’est le canton de Genève, on prend conscience de l’importance qu’y tient l’agriculture. Aussi loin que porte le regard, des vignes, des champs, en  culture ou déjà fauchés. Et c’est vrai que l’on aurait tendance à l’oublier au vu de la réputation internationale de la cité, mais Genève se trouve être parmi les premiers cantons agricoles de Suisse avec plus du tiers de sa surface consacrée à cette activité. Ce qui lui donne, disons-le, une fort jolie part de son charme.