Balade sur une rive aux apparences trompeuses
Infos pratiques
Dans la forêt silencieuse, comme plongée dans l’apathie de l’hiver, rien ne laisse deviner la réserve bourdonnante de vie, si ce n’est le panneau didactique à l’entrée. Pourtant, le lieu est un hotspot faunique national, mais dans la lenteur de la saison froide, les signes sont à rechercher attentivement. Pour l’œil non aguerri, peu familier aux traces de passage des bêtes, l’aveuglement est complet. Bientôt, un oiseau virevolte entre les troncs, témoin d’une présence animale. Derrière les arbres, la roselière monochrome s’étend sur l’horizon.
De Portalban (FR), nos pas nous mènent à la capitainerie du minuscule port de Gletterens. Près des bateaux alignés sous leurs bâches, des harles bièvres se poursuivent entre les passerelles. À côté du sentier surélevé, des cabines de change désertées annoncent la paisibilité d’une magnifique plage de sable, lovée entre un ponton en bois et des poteaux qui cachent une lagune.
On serpente entre les roseaux jusqu’à arriver à Pré de Riva, dont on emprunte le parcours Vita. Le retour se fait dans les hauteurs, à fleur de champs, le long d’une corniche qui surplombe la zone du Canada. Attention, le début du passage, en travaux de restauration, peut être assez boueux par endroits.
Sur le parcours
Réserve des Grèves d'Ostende
Couvrant 500 hectares, elle est la plus grande des huit réserves naturelles de la Grande Cariçaie, qui abrite à elle seule un quart de la faune et de la flore helvète. Composée de roselières et de différents milieux aquatiques, que l’on peut observer à perte de vue depuis la plateforme paysagère de Gletterens, elle attire particulièrement les oiseaux des marais, mais aussi le castor, dont les traces sont visibles çà et là sur les troncs.
Drôles de sphères
Au fur et à mesure que l’on progresse en direction de Gletterens, notre regard se perd dans les arbres, dont le feuillage est absent, pour se fixer sur de drôles de sphères. En hauteur, celles-ci semblent accrochées aux branches. Il s’agit du gui, plante parasite, qui utilise pour sa croissance les ressources de son hôte, comme son eau et certains nutriments, qu’il absorbe en suçant la sève. Toxiques pour l’homme, ses baies sont comestibles pour les oiseaux.
Plage de Gletterens
À l’orée de la forêt, l’horizon se dégage, et après avoir traversé un pont, on se retrouve les pieds dans le sable, face à une eau limpide où s’ébattent cygnes et canards par dizaines. À notre arrivée à la plage de Gletterens, une nageuse brave le vent et le froid et plonge la tête la première dans l’eau, pour réapparaître quelques secondes plus tard, grelottante mais fière. Dans la lagune adjacente, des centaines d’oiseaux s’envolent simultanément.
Dans les roselières
Le roseau commun (Phragmites australis) est une espèce que l’on trouve dans presque toutes les régions du monde. Cette plante apprécie les lieux gorgés d’eau, à la faible oxygénation, et pourrait jouer un rôle dans la dépollution des milieux aquatiques où elle s’implante. Elle peut atteindre quatre mètres de long, et forme des colonies très denses qui fournissent un abri à de nombreux oiseaux et petits mammifères.
Champignon parasite
On l’aperçoit, fixé sur le tronc de certains arbres. L’amadouvier est un champignon parasite des feuillus qui attaque les arbres affaiblis ou malades jusqu’à les dévitaliser. Sa chair non comestible est utilisée depuis le Ve siècle av. J.-C. pour la fabrication de l’amadou, dont on fait un combustible employé comme allume-feu. On y recourait déjà en Chine impériale et on en a retrouvé des traces dans le sac d’Ötzi, un homme préhistorique momifié découvert en 1991.
Y aller
En voiture
Jusqu’à Portalban. Un parking est disponible à l’entrée de la réserve, à la fin de la route du Canada.
En transports publics
Prendre le train jusqu’à Avenches, puis le bus 544 et descendre à l’arrêt «Portalban Village».
Se restaurer
Portalban possède plusieurs établissements, comme La Salamandre ou la buvette du camping La Nacelle.
Se renseigner
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