Fantômes d’automne à Romainmôtier
Infos pratiques
C’est une promenade à faire en toute saison: en été, on profite de la fraîcheur offerte par les frondaisons des chênes, des hêtres et des ifs majestueux qu’on rencontre sur son parcours, alors qu’en hiver, la neige en renforce le caractère feutré et intimiste. Et en cette fin d’automne, le voile de brouillard qui poudre la lumière baigne le marcheur dans une ambiance mystérieuse. Qui rappelle que la magie et la spiritualité font partie intégrante de ce vallon du Nozon – où des moines se sont établis dès le Ve siècle après J.-C., fondant ainsi le premier monastère d’Europe.
Mais remettons les pieds sur terre. Bien balisé et animé de panneaux didactiques, ce sentier répertorié sur l’application pour smartphone Naturando nous fait traverser une forêt exploitée depuis des siècles pour divers usages quotidiens, chauffage et tannerie en tête. En témoignent de nombreux taillis et chênaies; on rencontre aussi une plantation d’essai datant de 1970, avec des essences de toute provenance – pins laricio de Corse, épicéas de Serbie, cèdres de l’Atlas de Provence. La balade n’excède pas 1 h 45 pour qui la fait le nez en l’air, ce qui n’est pas trop risqué, le sentier étant facile, excepté pour les cailloux et racines affleurant sous les feuilles.
Importé depuis le site précédent
Infos pratiques
Y aller
En transports publics: train ligne CFF jusqu’à Croy-Romainmôtier, puis Car Postal direction Vaulion, arrêt Romainmôtier Les Portes.
En voiture: Autoroute A1 sortie 21 La Sarraz, puis direction Eclépens – Croy – Romainmôtier. Parking à la sortie du village direction Juriens.
Le parcours
Environ 6 km (depuis le parking), 168 m de dénivelé; sentier facile et bien balisé (Naturando n° 23).
Se restaurer
Café boulangerie Fleur de Farine, rue du Bourg, 1323 Romainmôtier – tél. 024 453 16 06
Se renseigner
Itinéraire décrit sur le site de la Chambre des bois de l’ouest vaudois et sur l’application naturando.ch, de même que sur parcjuravaudois.ch.
Étapes
Vestiges de taillis
Le taillis était autrefois la méthode la plus usitée pour l’exploitation du bois de chauffage: il consistait à prélever régulièrement les rejets nés sur les souches de feuillus coupés. En jouant sur la rotation des surfaces dévolues, on parvenait ainsi à une récolte annuelle. Malin! Avantage connexe: une grande mixité d’âges des arbres dans une seule forêt – favorisant d’autant la biodiversité. Raison pour laquelle on a tendance à y revenir…
Rameaux mortels
Mieux vaut ne pas en faire une couronne de l’avent: ces jolis rameaux, comme d’ailleurs toutes les parties de l’if, contiennent de la taxine, une substance cardiotoxique qui laisse peu de chances de survie à qui en ingère. Autrefois utilisé pour la fabrication d’arcs et d’arbalètes, ce beau conifère a été par la suite combattu avec acharnement par les forestiers – et décimé par les chevreuils et les cerfs, qui ne sont pas sensibles au poison.
À l’origine du tannage
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les tanneries de cuir d’Orbe et de La Sarraz recouraient à de l’écorce de chêne séchée pour le traitement des peaux: le tanin qu’elle contient se liait à celles-ci et en empêchait la putréfaction. On la détachait des petits troncs en incisant ceux-ci à la serpe, avant de la battre avec une mailloche – puis de l’ôter en utilisant un outil appelé plumet. L’utilisation de sels de chrome mit un terme définitif à la pratique vers 1960.
La rivière palindromique
Le Nozon a beau être modeste, il se lit dans les deux sens… Une particularité graphique qui reflète une spécificité hydrologique: ce ruisseau d’à peine
24 km de long alimente en effet à la fois le bassin versant du Rhin et celui du Rhône; la séparation en deux cours d’eau se fait à Pompaples, au lieu-dit le «Milieu du monde». Il n’en a pas toujours été ainsi: c’est le détournement d’une partie des eaux vers un moulin, au XVIe siècle, qui a engendré cette bifurcation unique.
Trésor roman
Bien sûr, l’abbatiale de Romainmôtier n’est pas à proprement parler sur l’itinéraire de notre balade. Mais une petite flânerie dans cet ensemble architectural clunisien à la beauté saisissante et austère s’impose néanmoins: à l’extérieur comme à l’intérieur de ces murs millénaires, pas un seul moellon, un seul vestige de fresque, un seul point de vue qui ne saisisse pas le visiteur… Quelques minutes sous les arches de la nef et l’on est transporté.