Ce coléoptère, qui s’est établi dans la région du Simplon (VS) l’an dernier, représente une menace sérieuse pour les cultures. Un programme intensif de surveillance et de lutte vise à limiter son expansion.
![Face à l’essor du scarabée japonais, la vigilance redouble](https://www.terrenature.ch/wp-content/uploads/2024/06/principale_scarabee_japonais.jpg)
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Ces prochaines semaines, le scarabée japonais entrera dans sa phase de vol. Ce coléoptère hiberne en effet sous la forme de larve dans le sol, avant que les adultes émergent vers mi-juin et commencent à s’accoupler. Cette période, où ils sont particulièrement visibles, favorise leur observation. Un programme de surveillance intensif sur le plan national a alors lieu, par la mise en place de pièges contenant des appâts. Ce réseau de monitorage ne cesse de se densifier année après année. «Pour pouvoir lutter efficacement, il faut détecter la présence de l’insecte suffisamment tôt, souligne Giselher Grabenweger, du groupe de recherche grandes cultures, à Agroscope. En effet, une fois que le ravageur s’est établi dans une région, toute tentative de s’en libérer a peu de chances d’aboutir.»Les mesures visent à freiner sa propagation, mais son éradication du territoire suisse n’est désormais plus possible. En effet, malgré les efforts considérables déployés pour anéantir le coléoptère, les résultats n’ont pas été au rendez-vous. Et de nouveaux foyers font craindre pour l’avenir. «Si ces dix dernières années, le scarabée japonais s’est propagé plutôt lentement, de 5 à 15 km par an, nous avons été confrontés pour la première fois en 2023 à de petites populations qui n’avaient pas de lien direct avec la grande zone infestée du nord de l’Italie, note Giselher Grabenweger. La diffusion risque donc de s’accélérer ces prochaines années.»
Une évolution incertaine
Outre la propagation naturelle par le vol, les activités humaines jouent un rôle important dans la dissémination de l’insecte. Le commerce de produits agricoles – terre ou végétaux notamment – permet le déplacement de larves et d’œufs sur de très longues distances. De plus, les coléoptères peuvent se poser sur n’importe quel support et voyager clandestinement en voiture ou en train, par exemple. La température est cependant un facteur limitant l’établissement de l’espèce. «L’arrivée du scarabée du Japon au Simplon et de manière plus générale dans le massif alpin est inédite, observe Guillaume Favre. Nous espérons que les conditions climatiques des Alpes lui seront défavorables et freineront sa propagation. Il est toutefois beaucoup trop tôt pour l’affirmer.»
L’évolution des conditions climatiques en Suisse devrait néanmoins augmenter la zone de distribution potentielle, le Plateau suisse devenant adapté à la survie à long terme du scarabée japonais d’ici à la fin du siècle, selon les modèles actuels. «Dans l’immédiat, il n’y a pas de mesures spécifiques à mettre en place pour protéger les cultures agricoles valaisannes, rassure Guillaume Favre. Je recommande néanmoins aux acteurs de l’agriculture valaisanne, tout comme au reste de la population, d’être vigilants, notamment lors de déplacement dans les régions en Suisse ou à l’étranger où la présence du scarabée japonais est démontrée.»
En chiffres
- 2014, première détection du scarabée japonais sur le continent européen, dans les environs de Milan. En 2017, des individus sont capturés dans le sud du Tessin.
- 2023, première identification en Valais, dans la région du Simplon. Quelque 150 pièges à appâts ont été posés dans différents cantons cette année-là.
- 400 espèces végétales différentes, sauvages ou cultivées, figurent comme plantes hôtes.
- O produit phytosanitaire autorisé en Suisse pour lutter contre ce coléoptère, à l’exception d’un insecticide autorisé dans les vignes tessinoises.
Signaler chaque cas suspect
Chacun peut contribuer à limiter la propagation du scarabée japonais. Toute observation doit être signalée immédiatement au service phytosanitaire de son canton. En effet, plus le coléoptère est détecté tôt, plus les chances de réussite de freiner son expansion sont grandes. Les œufs et les larves vivant dans le sol, ceux-ci sont difficiles à repérer. En revanche, les coléoptères adultes sont visibles, surtout en été, de juin à août. Ils mesurent entre 10 et 12 mm de long et sont brun cuivre. Le dernier segment abdominal porte deux touffes de poils de couleur blanche. En cas de suspicion, il faudrait capturer le sujet. Ou faire une photo, en notant l’emplacement précis.