Avec les cartes à planter, les mots deviennent des bouquets de fleurs
C’est une petite révolution dans le monde de la papeterie. Bien que l’idée ait germé il y a quelques années déjà, les cartes à planter sont à la mode en ce moment. Vous en trouvez partout, chez les fleuristes, dans les librairies, en grandes surfaces, sur les sites internet comme celui de Martha Camuti sous l’appellation Faire-part à part.
Avec ses enveloppes, cœurs et crayons à planter, la Lausannoise sème le bonheur et nous conte fleurette. Ses mots se font bouquets, ses messages se transforment en herbes aromatiques.
Mouiller, déchirer, malaxer
«Par respect des ressources et dans un souci écologique, j’utilise du papier biodégradable suisse contenant 40% d’herbe et de l’encre végétale, explique la créatrice du Mont-sur-Lausanne (VD). J’y insère des graines bios qui, au contact de l’eau et de la terre, se mettront à pousser.»
Démonstration. Vous recevez une jolie enveloppe de mariage, de naissance, de remerciements ou de condoléances sur laquelle est inscrit par exemple: «T’offrir quelques mots, mais aussi quelques fleurs» ou «J’irai jusqu’au bout de la terre pour te souhaiter un bon anniversaire». Si vous ne la gardez pas, au lieu de la jeter, plantez-la.
«Il faut d’abord mouiller le papier dans un récipient, le déchirer et le malaxer. Puis, au fond d’un pot, placez quelques petits cailloux ou gravillons, ajoutez un bon terreau. Deux centimètres avant le haut, posez votre papier imbibé d’eau avant de le recouvrir du reste de terre en veillant qu’elle soit bien aérée, pas trop compacte, détaille la Vaudoise. Prendre le temps d’arroser un peu tous les jours et vous verrez rapidement apparaître de délicates petites fleurs sauvages de toutes les couleurs.»
Comme une lettre à la poste
Du papier usagé (journaux ou boîtes d’œufs), de la farine, de l’eau en guise de colle et des graines de fleurs mélangées ou d’herbes aromatiques. Plusieurs sites fournissent une marche à suivre afin de réaliser soi-même des cartes à planter. Une occupation facile qui prend quelques jours. Cette activité ludique est à faire en famille avec les enfants pour des résultats plus ou moins convaincants.
Pas de salades
Martha Camuti est lumineuse et sa bonne humeur communicative. Sur son site, quelques mots-clés la définissent: spontanée, sincère, passionnée, créative, marrante. Elle est tout cela et bien plus.
Artiste-peintre et créatrice d’émotions visuelles, elle met un soin particulier à confectionner ses cartes, à choisir une calligraphie élégante et des graines de qualité pour que la magie opère à tous les coups. «J’ai fait beaucoup d’essais avant de trouver l’idéal. Je prends maintenant ce qui est facile à germer. J’évite par exemple les carottes ou les salades qui demandent un peu plus de doigté.»
Finalement, ce qu’elle présente fait l’objet d’une petite attention originale. Et ce à chaque saison pour une plantation à l’intérieur. Pour dehors, choisissez de préférence la période de mai à fin septembre.
«À noter aussi qu’il ne faut pas attendre trop longtemps, deux ans maximum avant de planter votre carte, car l’effet risque de diminuer et les graines de ne plus pousser, précise Martha Camuti. Il faut juste de la lumière, de l’eau et une température adéquate.»
Petits cœurs en papier
Dans le même style mais avec une variante, Martha Camuti confectionne dans son atelier au Mont-sur-Lausanne des petits cœurs en papier à planter dans des bocaux. Sa gamme appelée «Merci maîtresse» s’adresse uniquement à tous les bons profs!
«En fin d’année scolaire, c’est une manière de remercier l’enseignante ou l’éducatrice autrement qu’avec du chocolat ou un bouquet de fleurs. De plus, le bocal sera facilement réutilisable et trouvera sa place dans la cuisine ou sur un buffet pour une seconde vie comme récipient à bonbons, pot à sucre ou boîte à souvenirs.»
Une fleur au crayon
Martha Camuti a beaucoup d’idées. Imaginative, elle a aussi lancé sa série de crayons à planter. «Je collabore avec la marque Sprout qui me fournit des pièces 100% naturelles et non toxiques fabriquées à la main à partir de bois certifié provenant de forêts gérées de manière durable.»
Le procédé est simple. Vous utilisez votre crayon et, quand il est trop court pour écrire, vous le plantez de biais et à l’envers dans la terre. L’embout contient des graines qui vont se libérer et donner des fleurs, des herbes aromatiques et bien plus. Cette fois-ci, le choix est vaste, car vous pouvez opter pour du myosotis, de la sauge, des tomates cerises ou du chia. «Ce qui remporte le plus de succès, ce sont le basilic et le tournesol.»
Un nouveau produit par an
Afin de se renouveler, la fondatrice de Faire-part à part invente chaque année un nouveau produit. Celui de 2024 est révolutionnaire. «Il s’agit de crayons ensemencés réalisés avec mon design, mon écriture et mon inspiration.»
Intitulé «Chut…ça pousse», ils vous réservent de belles surprises avec des graines insérées à l’intérieur. Il vous suffit d’écrire, de tailler la mine, de récolter les copeaux et de les planter. «Pour cette gamme, j’ai utilisé un mélange de graines de camomille et d’absinthe qui donneront de magnifiques fleurs couleur soleil. Il faut compter deux à trois semaines pour obtenir les premières pousses.»
Cartes, enveloppes, cœurs ou crayons à planter, Martha Camuti offre ainsi une autre manière d’envoyer ses messages, plus durable et poétique, une autre approche de l’écriture avec des mots qui fleurissent.
La créatrice
Son parcours atypique l’a amenée à devenir artiste. Employée de commerce, Martha Camuti se rend vite compte que travailler dans un bureau ne lui convient pas. Alors, elle décide de changer de vie, de suivre une formation de beaux-arts. «J’ai toujours adoré la poterie, le macramé, la peinture sur soie, le graphisme.» Autour d’elle, ses amies se marient. Elle a envie de personnaliser ses cartes vœux, de le dire avec des fleurs. Sa petite entreprise est lancée et aujourd’hui, elle possède au Mont-sur-Lausanne (VD) un atelier de création de faire-part de mariage et de naissance ainsi qu’une jolie gamme d’accessoires pour bébés.
+ d’infos www.faire-part.ch
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