Ce jardin créé comme un tableau est une fresque aux multiples couleurs

Nathalie Vulliens cultive à Boulens (VD) un espace riche en diversité d'espèces qui lui assure une floraison
à chaque saison. Mais elle chérit aussi les feuillages, moins éphémères et qui égaient les lieux en hiver.
8 août 2024 Aurélie Jaquet
Le jardin extérieur de Nathalie Vulliens à Boulens. © Sigfredo Haro
Le jardin extérieur de Nathalie Vulliens à Boulens. © Sigfredo Haro
Le jardin extérieur de Nathalie Vulliens à Boulens. © Sigfredo Haro
Le jardin extérieur de Nathalie Vulliens à Boulens. © Sigfredo Haro
Le jardin extérieur de Nathalie Vulliens à Boulens. © Sigfredo Haro
Le jardin extérieur de Nathalie Vulliens à Boulens. © Sigfredo Haro

Il y a le massif jaune et violet, le coin des plantes pourpres, celui des fleurs blanches, les dégradés de vert un peu partout. Créé comme une fresque, ce jardin de Boulens, dans le Gros-de-Vaud, est signé Nathalie Vulliens, l’artiste des lieux.

«L’hiver, quand le travail en extérieur est moins prenant, je m’installe à ma table pour réaliser des croquis et imaginer mes massifs. Cela me permet de savoir ce que je planterai au printemps», raconte la Vaudoise de 56 ans.

Parterres fleuris

Au fil des saisons, ses parterres se sont garnis de géraniums vivaces Magnificum et Dreamland, de campanules et cosmos, de monardes, d’échinacées et de boules azurées, ces chardons à la silhouette arrondie qui virent au bleu électrique dès la fin juin. On y trouve encore des pivoines par dizaines, des scabieuses de Macédoine avec leurs fleurs en forme de pompons carmin, des campanules multicolores, des rosiers et des clématites.

Mais depuis quelques années, Nathalie Vulliens se lance le défi de dénicher des variétés qui sortent de l’ordinaire. Parmi ses trouvailles originales, un Clerodendrum trichotomum, appelé «arbre de la chance», un arbuste rare qui fleurit comme du jasmin en septembre et produit ensuite des fruits turquoise renfermés dans un calice rose. Mais aussi des cosmos chocolat aux pétales pourpres, dont les feuilles dégagent des senteurs de cacao lorsqu’on les frotte.

En chiffres

1230 m2 la surface du jardin répartie entre les cultures potagères et ornementales

3 heures par jour environ, le temps que Nathalie Vulliens consacre à son lopin de terre à la belle saison

450 espèces di!érentes de plantes

1 étang avec des nénuphars et des poissons rouges

Un rosier vieux de 50 ans

Il y a encore dans un coin un érable cannelle, à l’écorce remarquable qui se desquame, et un cornouiller du Japon, impérial avec sa multitude de fleurs rose et blanc. «Elles durent deux mois, débutent dans un bordeaux vif et s’éclaircissent au fil du temps pour terminer presque blanches, avant 
de donner un fruit comestible», raconte Nathalie Vulliens, incollable sur l’inventaire de sa riche collection botanique.

Arrivée dans le Gros-de-Vaud en 1995, elle y a rencontré son mari agriculteur, fondé une famille et s’est prise de passion pour le jardinage à partir de 2007. «C’est ma belle-mère qui s’en occupait jusque-là. Elle l’a bichonné avec amour pendant des décennies, avant de me passer le témoin lorsque mes enfants sont devenus un peu plus grands. Auparavant, je n’aurais pas eu le temps d’y consacrer autant d’énergie», confie la Vaudoise en souriant. Elle nous montre le parterre d’hortensias si cher à ses beaux-parents et le rosier en fleurs planté il y a près de cinquante ans qui recouvre aujourd’hui l’entier de la façade.

Doux comme une oreille de lapin

Jadis essentiellement tourné vers les cultures vivrières, l’espace a été peu à peu investi par les plantes ornementales, bien qu’un grand potager demeure au centre du jardin. Nathalie Vulliens y cultive salades, laitues, fenouils, céleris, carottes, haricots, choux, poireaux et fraises. À quelques mètres de là, deux serres abritent tomates, concombres, aubergines, poivrons et, en hiver, du rampon, des épinards et petits pois. De quoi vivre en autarcie presque toute l’année.

«Je sèche les haricots, je cuisine les ratatouilles et sauces tomates pour les bocaux, je fais mes confitures. L’été est bien chargé», dit l’agricultrice. Les soins qu’elle apporte se concentrent sur la taille printanière, l’amendement de la terre avec le fumier de la ferme et l’apport en purin d’ortie. À la belle saison, le travail est quotidien. «Mais j’aime ça. Si je m’absente de mon jardin plus de deux jours, il me manque. C’est ma bulle hors des soucis du monde.»

Raretés d’ailleurs

Un espace accueille deux pommiers ainsi qu’un amélanchier lamarckii, qui donne des baies entre le cassis et le raisinet. Plus loin, un cerisier du Japon occupe l’endroit laissé il y a dix ans par un vieux cèdre du Liban victime d’une tempête. L’ancienne structure en bois de la balançoire des enfants sert aujourd’hui de tuteur à une imposante glycine, alors que près de l’entrée un jasmin étoilé au parfum suave a pris ses aises 
sur un pavillon en fer forgé.

«Il est 
de toute beauté l’été, mais je l’apprécie 
également en hiver, grâce à son feuillage persistant. J’ai une passion pour les plantes à feuilles, comme les hostas et les fougères. Leur beauté est moins éphémère que les fleurs et elles offrent une très grande diversité de formes, de couleurs et de textures. Touchez cette Stachys byzantina, comme son duvet est doux… On l’appelle d’ailleurs aussi «oreille de lapin», s’exclame Nathalie Vulliens.

Plus d’une centaine de visiteurs

Tous les deux ans, elle ouvre sa porte au public dans le cadre de Jardin’Art, un événement qu’elle a contribué à fonder en 2015 à l’occasion du 50e anniversaire des Paysannes vaudoises de Saint-Cierges et environs, dont elle était alors présidente.

«Nous nous sommes associés avec l’Office du tourisme d’Échallens pour créer ces portes ouvertes dans différents jardins de la région afin d’accueillir des femmes artisanes et promouvoir les produits du terroir. Le succès a été immense et nous avons décidé d’en faire un rendez-vous bisannuel.»

La 5e édition de Jardin’Art s’est tenue en juin dernier. Pendant deux jours, plus d’une centaine de personnes ont pu découvrir la belle collection de Nathalie Vulliens. La prochaine aura lieu en juin 2026.

La jardinière

Ayant grandi à Lausanne, Nathalie Vulliens s’est rapprochée de la campagne à l’adolescence grâce à l’équitation, sa première passion. Après un CFC de dessinatrice en bâtiment et un séjour linguistique de six mois aux États-Unis, elle a passé sa patente et repris pendant trois ans le café-restaurant du village de Boulens, où elle a rencontré son mari. Depuis, Nathalie Vulliens travaille avec lui au sein de leur exploitation laitière et son amour pour le jardinage est né après son arrivée à la ferme. Fidèle des émissions Silence, ça pousse! et du magazine L’Ami des jardins,elle est membre du Jardi-Fan-Club (www.jardifanclub.ch), un groupe de jardiniers amateurs qui organise chaque année la Journée des plantes de Vaumarcus (NE).

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