Gare aux courges amères ou toxiques poussant librement dans le jardin
Elles sont rondes, allongées, orange, vertes ou jaunes. L’automne, les courges égaient de nombreux potagers avec leurs couleurs vives. Il arrive même qu’elles apparaissent sur le compost ou au fond du jardin, poussant sans intervention humaine dans ces endroits reculés du potager. Si leur apparition spontanée ravit les jardiniers, ces légumes sauvages ne doivent pas être consommés sans quelques précautions, au risque d’être intoxiqué.
Toutes les citrouilles, potirons, potimarrons, pâtissons et autres cucurbitacées ne se dégustent en effet pas en tarte ou en soupe, même si leur aspect rappelle des variétés connues, comme les butternut ou encore la musquée de Provence, achetées l’année précédente et dont les pépins auraient donné naissance à ces nouvelles venues. Certaines se révèlent toxiques et peuvent gravement nuire à votre santé. On fait le point sur quelques affirmations, parfois erronées, sur cette question.
Seules des graines de courge achetées chez des semenciers agréés sont fiables.
Vrai
Pour autant qu’on choisisse des variétés comestibles! Celles dont on se sera occupé dès leur semis au mois de mai pourront être consommées les yeux fermés l’automne venu. «En revanche, il ne faut pas récupérer les pépins de celles que l’on a mangées l’hiver d’avant pour les ressemer au printemps, avertit Claude Jaquier, qui cultive 140 variétés de cucurbitacées dans son domaine de la Grange aux courges à Goumoëns-la-Ville (VD). Il n’y a aucune assurance que les courges de deuxième génération seront de la même variété que celle que l’on avait achetée au magasin l’automne précédent.» Ce spécialiste du légume recommande donc d’acheter de nouvelles graines chaque année. C’est ainsi qu’il a la garantie d’obtenir des courges de toutes les couleurs et de saveurs particulières dans des variétés pures.
Les graines, récupérées dans une courge puis séchées avant d’être remises en terre, s’altèrent.
Faux
Le problème ne se trouve pas au cœur de leurs pépins, mais lors du développement de la plante. Une hybridation entre différentes cucurbitacées – dont des coloquintes ou des courges de décoration non comestibles poussant peut-être dans le jardin de vos voisins – peut avoir lieu lors de la pollinisation croisée de leurs fleurs. Si elle peut être utile pour assurer la diversité génétique des membres de la famille des cucurbitacées, aidant les plantes à s’adapter aux conditions environnementales ou à résister aux maladies, la pollinisation croisée peut également présenter certains inconvénients, rappellent les semenciers Zollinger Bio. Le mariage de différentes cucurbitacées peut produire une toxine, la cucurbitacine, potentiellement dangereuse.
L’ingestion de cette toxine
peut être grave.
Vrai
«Une intoxication à la cucurbitacine se manifeste par des symptômes gastro-intestinaux tels que nausées, vomissements et diarrhée, qui apparaissent généralement quelques heures après l’ingestion d’un fruit, liste la doctoresse Colette Degrandi du Service d’aide médicale d’urgence Tox Info Suisse, qui se veut toutefois rassurante. Souvent, la consommation de courges amères ne provoque pas de symptômes du tout.» Fait rare, en France, des personnes en ayant ingéré ont souffert d’alopécie sévère, perdant soudainement leurs cheveux.
De telles intoxications sont rares.
Faux
«Au cours des cinq dernières années, il y a eu environ 140 demandes annuelles en Suisse concernant les courgettes amères, ou les courges décoratives», ajoute Colette Degrandi. Les cas pourraient toutefois être bien plus nombreux. Tox Info ne dispose pas de chiffres précis à ce sujet. Comme la plupart des intoxications sont bénignes et ne nécessitent pas de consultation médicale, elles ne sont pas déclarées et donc non listées.
Les courges sont les seuls
légumes à pouvoir générer
de la cucurbitacine.
Faux
Certaines courgettes, concombres et même des melons – c’est-à-dire des fruits et des légumes appartenant à la vaste famille des cucurbitacées qui compte un millier de membres – sont concernés par cette pollinisation croisée pouvant les rendre toxiques. Au sein des variétés cultivées, cette toxine n’est plus sécrétée, mais dès qu’un croisement intervient, le gène peut se réactiver et produire de la cucurbitacine. En général, les fruits qui en contiennent sont amers et ne doivent pas être consommés.
Sous certaines conditions, on peut malgré tout produire des semences de cucurbitacées.
Vrai
Il faut toutefois prendre des précautions pour que les variétés ne se mélangent pas. Pour éviter tout risque de pollinisation croisée, il est important de planter les différentes espèces de cucurbitacées à au moins un kilomètre les unes des autres, détaille le semencier Zollinger Bio. Cette distance est suffisante pour empêcher les pollinisateurs de transporter le pollen entre les différentes plantes. Des barrières physiques telles que des filets anti-insectes peuvent également être hissés entre les cultures.
Les courges sauvages doivent être éliminées.
Vrai
Si on ne peut pas les manger, cela ne signifie pas que ces magnifiques cucurbitacées n’ont aucune utilité! Autant les utiliser en décoration, ou les sculpter avec ses enfants pour embellir son perron pour Halloween.
À la mode
Il existe plus 1000 variétés de courges dans le monde. La hokkaido est la favorite des cuisiniers, suivie de près par la butternut. Dans les années 1990, les courges décoratives ont commencé à susciter un intérêt grandissant en Suisse. Des fermes se sont lancées dans leur production, organisant de nombreuses fêtes et concours en son honneur. On assiste à un engouement conjoint pour les courges alimentaires et celles de décoration, populaires à Halloween. L’an dernier, Simon Favre, de Belmont-sur-Lausanne (VD), a remporté le titre de la plus grosse courge du pays avec une cucurbitacée de 675 kg.
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