Les légumes prospèrent plus près du ciel
La porte du jardin s’ouvre sur un potager luxuriant où tomates, poivrons et maïs se poussent des coudes jusqu’en haut des tuteurs et où des melons mûrs à point débordent des bacs pour s’offrir aux mains gourmandes. En fin d’été, ce spectacle n’aurait rien d’insolite si la porte en question n’était celle d’un ascenseur et si le jardin ne surplombait pas de quatre étages les cours intérieures du nouveau groupe d’immeubles du quartier Oassis, à Crissier. Au-delà des barres de verre et de béton, le panorama sur le lac et les montagnes est grandiose et, au milieu de toute la végétation illuminée par le soleil du soir, on parvient même à oublier le bruit du trafic des grands axes tout proches.
Un projet de longue haleine
Au total, 83 bacs de 4 m2 ont été répartis sur les toits de trois immeubles et tous sont déjà croulants de légumes, plantés, arrosés et bichonnés dès la mi-mai par Thomas et ses collègues, tandis que les premiers locataires s’installaient. Souhaitée par les promoteurs dès la genèse du quartier, la création de ces potagers a été mûrement réfléchie: «Les architectes avaient déjà pris les dispositions nécessaires pour les surcharges statiques, les accès et les arrivées d’eau, et nous avons peaufiné les mesures avec l’ingénieur civil l’an passé. Comme c’est notre premier projet en toiture, nous avons passé beaucoup de temps à nous renseigner sur ce qui se fait déjà dans ce domaine à Paris et Montréal. Notre objectif est que les habitants puissent produire eux-mêmes des légumes bios, à deux pas de chez eux.
Minipotagers à louer
Une trentaine de bacs sont déjà loués et les demandes affluent, car de nouveaux locataires emménagent et le bouche à oreille commence à bien fonctionner. Bien sûr, il n’y aura pas un bac disponible pour chacun des 650 appartements que compte le nouveau quartier, mais des potagers seront aussi créés au niveau du sol, pour la crèche et les résidents.Pour l’heure, au sommet de l’immeuble 11C où se déroule l’atelier, l’ambiance est à la fois récréative et attentive autour des bacs potagers bien fournis. Locataire depuis juillet, Carine ne cache pas son enthousiasme: «Cela fait un mois que je n’ai pas acheté de légumes, les melons sont délicieux et mon petit garçon se gave de tomates. J’espère lui faire aimer autant les variétés d’hiver que nous cultiverons ensemble!».
Conteneurs et substrats sur mesure
Les bacs de 1,3 x 3 m ont été réalisés en bois de mélèze alpin, mais ne sont pas fermés au fond: leur cadre est posé sur un système de végétalisation de toiture avec godets de rétention d’eau et géotextile. Le substrat est composé d’une couche drainante de 15 cm de perlite et de 35 cm de terreau Ricoter. La surcharge pondérale, qui est de 200 kg/m2, a été prise en compte dès la conception des bâtiments. Les bacs sont arrosés manuellement par les jardiniers grâce aux prises d’eau sur le toit. «Vu la chaleur qui règne ici en été, nous devons arroser tous les deux jours au moins. Nous ignorons encore combien nous avons consommé d’eau, mais, dans le cadre de notre Laboratoire d’agriculture urbaine, nous étudions déjà des systèmes de rétention d’eau plus performants et d’arrosage par capillarité», précise Thomas Verduyn, directeur de Légumes perchés S. à r.l.
+ D’infos
www.legumesperches.ch
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