Reportage
Les myrtilles colorent les coteaux de la Gottalaz

À Bonvillars (VD), Dominik et Sinia Zwyssig cultivent en bio pas moins de 12 variétés de ces baies bleues, qu’ils proposent notamment en vente directe. Visite à l’heure où la récolte bat son plein.

Les myrtilles colorent les coteaux de la Gottalaz

Dans une ambiance feutrée, entre deux rangées de myrtilliers, les cueilleurs sont à l’œuvre, choisissant soigneusement les fruits qu’ils détachent des arbustes. Le silence imprègne le lieu, interrompu par le bruit léger des baies chutant dans les seaux blancs. Nichée entre des prairies sèches, la ferme de la Gottalaz surplombe le lac de Neuchâtel, offrant une vue splendide sur les sommets alpins. C’est là que la famille Zwyssig bichonne sa production.

Une diversité pleine d’atouts
L’intérêt de Dominik Zwyssig pour les baies ne date pas d’hier. Durant ses études d’agronomie à Zurich, l’agriculteur se passionne déjà pour la culture des fruitiers. Après un voyage de six mois en Nouvelle-Zélande avec sa femme, le choix de la myrtille leur a semblé une évidence. «Très intéressante gustativement, elle se prête aussi bien à la vente directe puisqu’elle tient 7 à 10 jours au frigo», explique Sinia Zwyssig. En octobre 2005, le couple plante quelques arbustes pour débuter, et agrandit petit à petit sa culture. Aujourd’hui, il possède 20 ares de myrtilliers, pour une production variant de 1,5 à 2,5 tonnes par an.

Duke, Reka, Puru, Nui, Poppins, Brigitta Blue, Elizabeth, Nelson, Legacy… pas moins de 12 variétés se côtoient sur leurs terres. «En Suisse, on trouve principalement en vente de la Bluecrop et de la Duke, car elles ont un bon rendement», raconte Sinia Zwyssig. Mais ici, la diversité des goûts et des textures est reine. Les Poppins, petites et rondes, sont très sucrées et croquantes. Les Nui, aplaties, hexagonales et de grande taille, ont une peau délicate et un bel équilibre entre acidité et sucre, tandis que les Puru cachent une saveur intense sous une robe peu bleutée que l’on peut facilement prendre pour de l’immaturité. «Cette multiplicité de plants nous permet de proposer un plus large choix, mais aussi d’étaler la récolte de fin juin à mi-septembre», précise Sinia Zwyssig.

Début février, la taille commence. «Il ne faut pas sous-estimer son importance. C’est la base de tout et un gage de qualité et de productivité», explique Sinia Zwyssig. En mai suit le désherbage manuel, véritable lutte contre le liseron, qui s’opère trois fois par an. Au même moment, les filets sont baissés contre la grêle, qui pourrait abîmer les premiers fruits apparaissant dès le mois de juin. La récolte est une période intense. Avec deux employés à temps plein et sept personnes au plus fort de la saison, les seaux se remplissent à raison de deux à trois kilos… par heure. Une fois cueillies, les baies sont triées manuellement et conditionnées en barquettes.

Lutte contre la mouche
Les myrtilliers sont des arbustes difficiles. Ils ont besoin d’un sol acide, dans l’idéal de la tourbe. Le couple les plante ainsi dans des buttes de sciure. «La difficulté principale, pour produire cette baie, revient à trouver un terrain qui lui convient. C’est très technique, mais on aime que le fruit soit compliqué, ce challenge nous stimule», s’enthousiasme l’exploitante. Autre obstacle à la culture: les maladies fongiques, qui frappent de plus en plus les fruitiers, mais dont certaines sont encore inconnues en Suisse, faute d’expertise suffisante. Drosophila suzukii, une mouche en provenance d’Asie apparue dans notre pays en 2011, est l’ennemie la plus redoutable des cultivateurs. L’insecte pond des œufs dans les fruits mûrs et gâche ainsi les récoltes. «En 2013, il a occasionné une perte totale de la cueillette. Cela nous a obligés à placer des filets. Depuis lors, on fait la course chaque année contre ce ravageur, mais il est toujours gagnant à la fin de la saison», regrette Sinia Zwyssig.

La production de la Gottalaz est disponible en vente directe dans une roulotte à la ferme ou dans les petits magasins de la région, comme La Ferme Yverdon, la Maison des Terroirs, le Potager de la Planche, ou jusqu’à l’épicerie lausannoise La Brouette. Les baies garnissent également divers assortiments d’agriculture contractuelle, notamment Notre Panier Bio à Fribourg.

Texte(s): Camille Saladin
Photo(s): Camille Saladin

Les grands bienfaits d’un petit fruit

Exceptionnellement riche en polyphénols fortement antioxydants, majoritairement des anthocyanes qui lui confèrent sa couleur bleue/mauve, la myrtille possède plusieurs atouts en termes de santé. La consommation quotidienne de quantités modérées (un tiers de tasse par jour) est reconnue pour diminuer les risques de maladies, en particulier les pathologies cardio-vasculaires, neurologiques, et le diabète de type II. Anti-inflammatoire, elle contribue également au bon fonctionnement du système immunitaire et favorise le développement de bactéries intestinales bénéfiques.

Les producteurs Dominik et Sinia Zwyssig

Le couple s’installe à Bonvillars en 2004, avec la certitude de cultiver un petit fruit, sans savoir encore lequel. En plus des myrtilles, qui occupent désormais les deux producteurs durant les beaux jours, ils possèdent un élevage de vaches allaitantes Galloway et de moutons d’Engadine, deux races robustes et peu exigeantes, dont ils laissent les petits grandir sous la mère. Leur verger à hautes tiges leur fournit des fruits de variétés anciennes qu’ils transforment pour proposer confitures, sirops et shrub, une boisson à base de vinaigre de pomme, aux surprenantes saveurs acidulées et sucrées.

+ d’infos www.gottalaz.ch