À La Chaux-de-Fonds, des fours solaires vont recycler l'acier

L'entreprise horlogère Panatere, soutenue par des partenaires académiques comme l'EPFL, veut traiter en circuit court les déchets industriels de l'arc jurassien. Ce projet inédit suscite de l'engouement en Suisse et à l'étranger.
2 septembre 2024 Lila Erard
© Panatere

Un étonnant chantier a lieu depuis quelques mois aux Éplatures, à La Chaux-de-Fonds (NE). Semblables à 
des satellites, deux paraboles géantes, recouvertes de milliers de petits miroirs, illuminent la rue.

Ces ovnis 
de la construction sont des fours solaires, installés par l’entreprise horlogère Panatere, en collaboration avec 26 partenaires industriels et académiques, dont l’EPFL. Le but: fondre l’acier inox provenant des déchets métallurgiques de la région pour le remettre en circulation en circuit court, sans apport d’énergie extérieure.

Valorisation locale

Pour le directeur Raphaël Broye, c’est un vieux rêve qui se réalise. «Principalement importé d’Asie, l’acier inox est la matière première la plus utilisée dans notre domaine. Il y a sept ans, nous avons voulu comprendre où partaient nos déchets lors du recyclage, en cachant des GPS dans nos bennes. Nous nous sommes rendu compte qu’ils avaient parcouru 43 000 km en deux ans, soit plus d’une fois le tour de la Terre! Il était urgent de trouver un moyen de valoriser localement cette ressource, très énergivore à produire.»

Les deux fours solaires, actuellement en phase de test, suivent le positionnement de l’astre au fil de la journée. Le plus grand, d’une surface de 135 m2, multiplie 2500 fois l’intensité du soleil.

À son foyer, la vitre en quartz laisse passer les rayons concentrés dans un petit réacteur à fusion, afin de chauffer à près de 2000°C. L’objectif est de traiter 400 tonnes de déchets par année.

Une cinquantaine de fours au monde

«Sur les quelque 52 000 tonnes que le pays exporte annuellement, c’est très peu. Mais c’est un début», assure le directeur. Une quarantaine d’entreprises de l’arc jurassien, actives dans le domaine médical, dentaire ou microtechnique, font pour l’instant partie de l’aventure.

Si une cinquantaine de fours solaires existent dans le monde selon Raphaël Broye, ceux-ci sont surtout utilisés pour la recherche, sans application industrielle concrète.

À vocation industrielle

«Nous avons beaucoup de demandes de l’étranger pour recycler d’autres matériaux comme 
le cuivre, l’aluminium ou la terre cuite, se réjouit-il. 
De nombreux curieux s’arrêtent devant le chantier et nous recevons énormément de candidatures.»

À terme, l’entrepreneur souhaite rapatrier sur le même site les étapes de prétraitement, comme le broyage, 
le compactage et le lavage, afin que la totalité du processus fonctionne à l’énergie solaire.

«Dans un monde idéal, chaque PME disposerait de son propre four, devenant une véritable usine autarcique. Il faut faire disparaître le mot déchet de notre vocabulaire.»

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