Au Naturéum, les spécimens racontent et font science sous nos yeux
À Lausanne, depuis quelques mois, le palais de Rumine est caché derrière les travaux d’assainissement de la place de la Riponne. Mais les courageux qui contourneront le chantier puis monteront quelques marches pour accéder à l’imposant bâtiment ne seront pas déçus. Car jusqu’en août de cette année, ils pourront arpenter les allées de la première exposition temporaire du Naturéum – le musée cantonal vaudois des sciences naturelles. Son nom? «Spécimens 24».
S’il peut paraître cryptique, il est en réalité purement descriptif. «Le chiffre est pour 2024, l’année du vernissage de l’exposition», contextualise son directeur Nadir Alvarez.
Une date et un lieu
Le parcours débute justement par un sas où toutes sortes de spécimens doivent leur regroupement à… leur étiquetage comportant le chiffre 24. Se réunissent donc en vrac, pour n’en citer que quelques-uns, un mollusque américain, un singe d’Éthiopie ou une pièce de monnaie en cuivre.
À cette étape, on commence déjà à mesurer l’ampleur de la tâche de récolte et de collection dévolue aux musées de sciences naturelles tels le Naturéum. Mais si l’on en revient d’abord au nom de l’exposition, à quoi se rapporte le «spécimen»? «Il s’agit d’un échantillon d’origine naturelle, que l’on préserve à des fins d’études ou patrimoniales», explique Nadir Alvarez. Comprenez que cela peut être aussi bien un rhinocéros entier qu’une feuille d’érable.
Néanmoins, pour être considérés comme des spécimens, les végétaux, animaux ou minéraux doivent tout de même remplir certains critères, comme le fait qu’ils soient rattachés à une date et à un lieu. Alors, quel rapport avec l’exposition qui se tient actuellement dans les salles du palais de Rumine? «Elle a justement vocation à montrer au public à quoi peuvent servir les 7 millions de spécimens que nous détenons», explique Nadir Alvarez.
Pour tous les goûts
Il faudrait passer plusieurs jours dans l’exposition pour bénéficier de tout ce qu’elle a à offrir. Les touche-à-tout qui aiment farfouiller y trouveront leur compte puisqu’ils sont autorisés à ouvrir une trentaine de tiroirs abritant collections d’abeilles, de pierres précieuses ou de coléoptères, entre autres. Et celles et ceux qui n’ont pas peur des grandeurs pourront s’atteler à la lecture d’une vertigineuse fresque de 10 m de long, retranscrivant en un seul endroit l’arbre généalogique de tous les vertébrés… sur plus de 500 millions d’années. Attention, on peut s’y perdre!
Une histoire de la science
Au cœur de l’exposition se trouvent donc les spécimens, sortis pour l’occasion des dépôts dans lesquelles ils sont conservés, qui ici tissent un récit. «Nous avons choisi de sous-titrer l’exposition «Nos collections racontent», mais ça aurait tout aussi bien pu être «La Science raconte», s’amuse le directeur.
Car c’est bien l’histoire de la Science et la manière dont celle-ci s’est construite au fil du temps que relatent libellules, chat sauvage ou autres herbiers que l’on rencontre au fur et à mesure que l’on avance dans les espaces aménagés du Naturéum. «Ce qui nous distingue d’un science center ou d’une université, c’est que les collections sont au cœur de notre institution, et que nous pouvons les mettre en scène pour illustrer un propos.»
Entrée symbolique durant les travaux
En s’appuyant continuellement sur les collections du musée, l’exposition s’attelle donc à la colossale tâche de raconter à quoi peut bien servir le travail de bon nombre de ses collaborateurs: le fait de continuer à collectionner et à décrire des spécimens. Elle le réalise en trois étapes: la première se rapporte au souvenir des développements de la Science permis par les collections au fil du temps. La deuxième considère les études et les recherches actuelles menées, tous les jours, grâce aux spécimens. Cerise sur le gâteau, la dernière tire des conclusions pour nos sociétés contemporaines afin que ces connaissances puissent se transmettre aux générations futures.
Pour le récent Naturéum, créé en 2023, mettre sur pied cette exposition a aussi permis de réunir une nouvelle équipe autour d’un projet commun. L’équipe commissaire d’exposition s’est alors organisée en petits groupes réunissant scientifiques et médiateurs.
«C’était l’occasion de s’asseoir pour la première fois autour d’une table et de réfléchir ensemble à ce que l’on voulait raconter au public», se remémore le directeur. Qui espère, par la prolongation de «Spécimens 24», toucher un public d’écoliers. Et si les travaux de la Riponne devaient avoir une autre utilité: l’entrée de l’exposition coûte seulement 1 franc pendant toute la durée du chantier…
Un programme bien fourni
Initialement prévue jusqu’en mars, l’exposition «Spécimens 24» est prolongée jusqu’au 24 août. Le Naturéum ne s’arrête pas non plus aux murs du Palais de Rumine. Jusqu’en juin, les trois lieux que sont le Palais, le jardin botanique de Lausanne – où l’on peut découvrir l’univers des tourbières dans le volet «Spécimens entourbés» – et le jardin alpin cantonal de Pont-de-Nant accueilleront jeunes et moins jeunes pour des ateliers, soirées et visites accompagnées. Pour n’en donner qu’une sélection, un café scientifique sur le rôle des systématiciens dans la conservation de la biodiversité se tiendra le soir du 6 mars, des dimanches accompagnés permettront au public de choisir des spécimens à se faire décrire les 9 mars, 13 et 27 avril et 18 mai, un atelier apprendra aux enfants à créer une loupe les 16 mars, 4 et 24 mai, et des «midis botaniques» se dérouleront encore au Jardin entre 12h15 et 13h les premiers mardis de chaque mois jusqu’en juin.
+ d’infos Inscriptions, horaires et tarifs sur www.natureum.ch
Trois points forts
Dans le cadre d’un partenariat, Terre&Nature vous propose une série d’articles et de reportages pour mettre en lumière de façon originale le Naturéum et ses collaborateurs. www.natureum.ch
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