Des éoliennes intelligentes et moins bruyantes

Les parcs éoliens provoquent des levées de boucliers, les riverains craignant des nuisances. 
Une spin-off de l'EPFL tente de rendrer les modèles à pales verticales plus efficaces, compacts et moins gênants.
8 août 2024 Sylvain Menétrey
© Agile Wind Power

La Suisse ne compte que 39 éoliennes sur son territoire. Une réserve toute helvétique face à cette source d’énergie renouvelable, pourtant bien utile en hiver quand le solaire fait défaut. Celle-ci tient au déficit d’acceptabilité de ces équipements jugés bruyants, disgracieux et nocifs pour la faune.

Ce rejet des hélices a motivé Sébastien Le Fouest, 28 ans, cofondateur avec Daniel Fernex de la spin-off de l’EPFL PitchMe, à s’intéresser aux éoliennes à axe de rotation vertical.

Un procédé innovant

«Le bruit résulte de la vitesse de rotation qui augmente à mesure qu’on s’éloigne du centre de l’hélice jusqu’à atteindre les 100 km/h en bout de pale sur les modèles traditionnels. Avec des pales verticales, le rayon restant constant, la vitesse n’augmente pas et est donc trois fois moindre, ce qui limite les nuisances», explique l’ingénieur. Les oiseaux, quant à eux, arrivent mieux à prédire le mouvement de ces engins.

Néanmoins, ce système dont on trouve des exemples dans la Perse du IXe siècle pour moudre le grain n’a pas la cote, car il est victime d’une aérodynamique dite «instationnaire». À l’image d’une voile de bateau qui se met à onduler, les pales cessent de tourner régulièrement quand le vent tourne.

Pour remédier à cette instabilité, PitchMe qui collabore avec le fabricant zurichois d’éoliennes verticales Agile Wind Power, équipe les pales avec des moteurs associés à des capteurs qui orientent en temps réel les pales par rapport au vent. «C’est comme si on ajoutait un capitaine pour diriger le bateau», illustre Sébastien Le Fouest.

Electricité moins chère

La technique paraît complexe, mais comporte ses avantages. «Le prix au centime par kW devrait être 20% plus cher, toutefois ce système peu bruyant se destine à un nouvel usage. Comme il est plus silencieux, on peut imaginer des éoliennes de proximité de taille moyenne – 30 m de hauteur pour une puissance de moins de 1 MW – qui alimentent une station d’épuration ou un data center par exemple», détaille Sébastien Le Fouest. L’autre atout de ces systèmes de mesure embarqués sur les pales est qu’ils surveillent en permanence l’état de santé de l’hélice.

PitchMe va déposer cette année le brevet pour ses pales intelligentes et faire des tests sur un prototype de petite taille. L’an prochain, une levée de fonds sera menée afin de conduire des essais à plus grande échelle avec Agile Wind Power. PitchMe rêve ensuite de fabriquer de manière autonome des éoliennes de 25 m.

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