Douce matinée au rythme de l'escargot de Bourgogne
Invités avec ma compagne à passer le week-end chez des amis près de Vallorbe (VD), nous profitons de leur spacieuse terrasse pour manger le soir à l’extérieur et partager, le temps d’une grillade, des anecdotes naturalistes et des récits de voyage. La chasse aux papillons envisagée à la tombée de la nuit dans le jardin n’aura malheureusement pas lieu, puisqu’un gros orage et des averses abondantes vont abréger la soirée en contrariant nos plans.
Au matin, debout avant tout le monde, je vais faire un tour dans la fraîcheur du jardin encore mouillé des pluies nocturnes. De jeunes mésanges charbonnières tout juste émancipées s’affairent dans une haie, tandis qu’un rouge-gorge sautille dans le pré fauché en quête de nourriture. La fauvette à tête noire chante encore, bien qu’elle soit en partance pour l’Afrique.
Le bénéfice des pluies
Au détour du petit potager, je découvre un splendide escargot de Bourgogne qui se déplace sur un sentier de graviers bordé de pots. Les fortes pluies m’auront au moins offert l’occasion de cette rencontre, car l’été n’est pas la meilleure saison pour l’observation des gastéropodes qui peuvent rentrer dans une forme de léthargie lorsqu’il fait trop chaud. Le temps d’aller chercher mes affaires de dessin et me voilà assis par terre à côté de l’animal. Je connais, comme tout le monde, cette forme familière depuis l’enfance, mais chaque observation attentive me donne l’impression de découvrir une étrange créature.
Excepté les héliciculteurs qui en font l’élevage et quelques spécialistes, qui connaît un tant soit peu les escargots? Par leur consommation, le petit-gris et le Bourgogne sont les deux seuls noms qui viennent à l’esprit, pourtant il en existe plus de 250 espèces en Suisse! J’avoue ne pas très bien connaître moi-même l’écologie ni la morphologie de ces curieuses bêtes, et me réjouis d’en apprendre davantage en consultant des ouvrages, aussitôt rentré chez moi.
Pied toujours en mouvement
Bien qu’il progresse lentement sur les cailloux, toute mon attention est pourtant requise pour tenter de fixer la silhouette de son pied en mouvement. Je pense à Robert Hainard qui disait que les escargots et les nuages ne sont pas faciles à dessiner, car ils se déplacent insidieusement sans jamais reprendre la même forme. À deux reprises, je saisis délicatement l’animal pour le faire reculer et le remettre dans la bonne trajectoire afin de terminer mon travail. Rentré dans sa coquille, il reste statique un moment puis, timidement, sort la tête, déploie ses quatre cornes et se remet en marche. Je le laisse filer enfin, prends quelques annotations du milieu et me remets sur mes jambes, émerveillé d’avoir passé ce moment avec lui.
De retour dans la maison, une bonne odeur de café provient de la cuisine où je retrouve mes amis qui préparent le petit-déjeuner, amusés de m’avoir aperçu de la fenêtre, alors que je dessinais dans le jardin. Je leur raconte ma somptueuse observation qui incarne parfaitement la douceur du temps écoulé durant cette fin de semaine chez eux.
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