L'étonnante «maison filtre» met
en valeur le jardin qui l'entoure

Chaque mois, nous vous faisons découvrir une habitation exemplaire sur le plan écologique. À Vernier (GE), la «Filter House», une villa vitrée, est cernée par des pommiers centenaires.
8 août 2024 Céline Duruz
Quatre filtres sont installés en façade: des voiles intérieurs, des vitres, des rideaux extérieurs, ainsi qu’un rempart de plantes grimpantes. Cela permet de jouer avec la lumière du soleil selon les saisons. © photos comte/meuwly
© photos comte/meuwly
Cela permet de jouer avec la lumière du soleil selon les saisons. © photos comte/meuwly
Adrien Comte et Adrien Meuwly © photos comte/meuwly

Dans la banlieue de Genève, une étonnante petite maison a vu le jour au sein d’un ancien verger, sans que celui-ci soit impacté. Au contraire: le jardin occupant cette parcelle est devenu un élément phare de la nouvelle construction. Composée d’une simple structure en acier boulonnée et de trois dalles en béton, cette villa vitrée est isolée et enveloppée dans une membrane en plastique d’un côté. De l’autre, elle offre une vue dégagée sur l’ancien verger du château de Bel-Essert, comprenant des pommiers presque centenaires, de nombreux arbres fruitiers ainsi qu’une mare, auxquels les propriétaires du terrain tenaient particulièrement.

Retour à l’essentiel

«Ils ont proposé à leur fils de s’y établir, en mentionnant qu’ils souhaitaient conserver ce magnifique jardin, détaille l’architecte Adrien Comte. On a alors pensé utiliser le garage existant, qui servait d’abri pour deux voitures, en le transformant en local technique et en atelier. Il est emboîté dans la nouvelle maison qui n’a pas été excavée pour sauvegarder les racines des arbres. On a réduit au maximum l’emprise au sol de la construction.»

Economie des matériaux

Ce projet expérimental appelé «Filter House» et primé lors de la 5e édition de la Distinction romande d’architecture a un fonctionnement ultrasimple et ne recourt à aucune technologie de pointe. «On a choisi les matériaux de cette maison en fonction de l’usage que l’on voulait en faire, en les économisant au maximum, continue Adrien Comte. Ce principe change complètement l’approche que l’on a de son bâtiment.» Grâce à des panneaux solaires, l’habitation est autosuffisante. Le surplus d’énergie qu’elle génère est même injecté dans le réseau électrique local.

En chiffres

130 m2, la surface modulable répartie sur trois niveaux.

2020 et 2021, période de la construction.

Environ 2500 watts, issus des panneaux solaires de la maison, sont consommés et 18’000 sont injectés dans le réseau.

4 filtres composent les façades: des voiles intérieurs, des vitres et des rideaux d’ombre qui coulissent sur un rail extérieur, ainsi qu’un filtre végétal externe.

Comme les couches d’un oignon

Pour rafraîchir les pièces de la villa, modulables et réparties sur trois niveaux, il suffit de tirer les rideaux et d’ouvrir les fenêtres, afin de créer une ventilation croisée, de bas en haut. Cette gestion astucieuse des flux d’air permet aux habitants de ne pas souffrir de la chaleur l’été ni de la fraîcheur de l’hiver. La géothermie et un système de serpentins dans les dalles de béton garantissent une température agréable tout au long de l’année. En jouant avec les quatre filtres installés en façade – des voiles intérieurs, des vitres, des rideaux extérieurs ainsi qu’un rempart de plantes grimpantes – il est possible de se distancier du soleil l’été et d’en profiter au maximum l’hiver.

Plantes aux points cardinaux

Fins connaisseurs en botanique, les propriétaires ont choisi stratégiquement les végétaux devant habiller leur maison, du sol au toit. Au sud du sas d’entrée, ils ont planté des rosiers grimpants «hella». À l’ouest, ils ont opté pour une clématite à feuillage persistant (Clematis armandii) et un hortensia grimpant (Hydrangea anomala petiolaris), ainsi que trois pieds de vigne vierge (Parthenocissus vitacea) au sud et un chèvrefeuille (Lonicera periclymenum) à l’est du bâtiment. «Un soin particulier a été porté à ce point. Il était important que certaines espèces conservent leurs feuilles l’hiver afin de garantir l’intimité des habitants, précise Adrien Comte. La croissance de ces végétaux prend du temps, mais on se rend compte qu’en seulement deux ans, les câbles les ont déjà guidés jusqu’au toit et ils commencent à se développer horizontalement comme on le souhaitait.»

Aujourd’hui, la maison se fond dans la parcelle, pour le plus grand bonheur des locataires. Ceux-ci avouent volontiers savourer chaque jour le sentiment de «vivre dans leur jardin», tout en profitant de voir la 
nature évoluer librement au gré des saisons.

Les architectes

Ce projet expérimental a été conçu par le bureau de deux Adrien, Comte et Meuwly, fondé il y a six ans. Basés à Genève et à Zurich, les associés mettent un point d’honneur à repenser l’interaction entre l’habitat et l’environnement dans chacune de leurs réalisations. Ils sont également très engagés dans la formation de leurs pairs et dans l’enseignement, que ce soit à l’EPFZ ou à Paris.

+ d’infos www.comtemeuwly.com

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