Nos cheveux valent mieux que de finir au feu
Vous êtes-vous déjà demandé où vont vos cheveux, une fois coupés chez le coiffeur? La plupart du temps, ils finissent dans des sacs poubelle, puis à l’incinérateur, comme n’importe quelle ordure ménagère. Sauf si vous vous rendez dans l’un des 550 salons du pays ayant pris part au projet Recup’hair. Celui-ci a été lancé il y a trois ans par l’entreprise Papirec, propriété du groupe Barec – spécialisé dans le recyclage, entre autres, de métaux, papiers, cartons et certains plastiques. Le but est d’offrir une seconde vie aux déchets capillaires. En souscrivant à un abonnement mensuel compris entre trente et quarante francs selon la quantité de matière fournie, les établissements profitent de collectes en porte-à-porte, incluant la récupération des flaconnages en plastique, bouteilles en aluminium, aérosols et autres contenants.
Les académies de coiffure de Lausanne ont été parmi les premiers clients séduits. «Chaque jour, nous produisons une grande quantité de déchets. Cela revient cher, car nous n’avons pas toujours la possibilité d’aller à la déchetterie. Cette initiative tombait à pic, témoigne leur directeur Jérôme Desloges. De plus, valoriser les cheveux permet de sensibiliser nos élèves au développement durable, ce qui donne une autre dimension au métier.» Recup’hair récolte environ une tonne mensuellement, soit l’équivalent de 100’000 coupes homme. Cette matière est d’abord entreposée pendant trois mois afin d’écarter tout risque de parasite comme les poux, puis est transformée à Moudon (VD), dans l’une des usines de Papirec.
Dans les mers et les murs
Une démarche similaire a été entreprise en 2015 par l’association française Coiffeurs Justes, à laquelle participent aujourd’hui 150 salons helvétiques. Ici, les cheveux récupérés sont transformés en boudins dépolluants voués à limiter les fuites d’hydrocarbures des bateaux et à purifier l’eau de mer de certaines substances comme le pétrole ou la crème solaire. «Ces polluants invisibles ont de graves conséquences sur notre environnement. La fibre capillaire – une fois détoxifiée d’éventuels colorants – permet d’atténuer ce phénomène», expose le président Thierry Gras, qui vient d’installer des boudins flottants de 60 et 40 m de long dans deux ports de Marseille. À terme, il souhaiterait proposer sa solution dans les lacs et cours d’eau suisses.
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