Mettre des écosystèmes sur écoute afin de les protéger

Quand on se balade, on tend souvent l’oreille pour écouter la faune qui nous entoure. Mais entend-on vraiment tous les habitants de la forêt? Pour répondre à cette question, Olivier Stähli et Noah Schmid ont cocréé en 2024 la start-up Synature. Elle développe des micros intelligents qui collectent des données en continu dans un vaste périmètre.

Elles sont ensuite analysées par un programme d’intelligence artificielle. Une fois décryptées, elles fournissent de précieuses informations aux organisations de protection de la nature, aux scientifiques et aux collectivités publiques soucieuses de leurs écosystèmes.

Ecoutez les sangliers à Paris:

Grâce à la bioacoustique

«J’ai longtemps travaillé avec des pièges photographiques pour suivre les animaux dans les Alpes. Bien qu’efficaces, ils ont des limites, note Olivier Stähli. Ils couvrent de petites zones et ne surveillent que quelques groupes taxonomiques. La bioacoustique, en revanche, permet de détecter toutes les espèces qui émettent des sons, ce qui fournit des informations cruciales sur l’évolution des écosystèmes dans un contexte de déclin continu de la biodiversité.»

Synature a mené sa première campagne en 2022 dans le canton de Glaris, afin de donner la parole aux loups qui y vivent. Elle est parvenue à montrer l’utilité de son système pour les quantifier et les localiser. La jeune entreprise a surtout donné un coup de jeune à la bioacoustique, existant depuis les années 1950.

Grâce aux progrès de l’intelligence artificielle, elle a développé une détection automatisée des espèces. «Notre objectif est de les transmettre en temps réel sept jours sur sept, poursuit le scientifique, émerveillé par ce qu’il a entendu. Il n’y a rien de tel que le hurlement en chœur d’une meute de loups, à l’unisson. C’est vraiment captivant. Les sangliers aussi produisent des sons fascinants et caractéristiques, comme les oiseaux, dont la gamme de sons est tout aussi intrigante.»

Les chants d’une meute de Glaris:

Levée de fonds

Pour obtenir de tels enregistrements, il a fallu développer des micros robustes, équipés d’une batterie d’une durée de vie de 90 jours, voire plus si on y fixe un panneau solaire. «En général, deux appareils suffisent pour surveiller un petit écosystème comme un étang renaturé», précise-t-il.

«Nous avons prévu plusieurs déploiements en Suisse prochainement, notamment dans des environnements affectés par l’activité humaine. On pourra examiner si l’infrastructure durable et la nature peuvent coexister», poursuit l’entrepreneur. Afin de passer à une production plus importante, la start-up lancera bientôt une levée de fonds.

+ d’infos www.synature.ch