«On peut faire communiquer les arbres dans un laboratoire»

On découvre à peine la richesse infinie des plantes, mais que sait-on vraiment des arbres? Sont-ils capables d’échanger des informations? Edward Farmer, spécialiste en biologie moléculaire végétale, a tendu l’oreille.
21 mars 2024 Patricia Brambilla-Rochat
© François Wavre/ Lundi13

Peut-on parler de communication entre les arbres?
On a tendance à mettre des mots humains pour parler des autres espèces. Mais il est difficile de parler de communication en l’état de nos connaissances. On peut faire communiquer les végétaux dans un laboratoire. En captant l’odeur émise par une plante agressée et en la transmettant par un tuyau jusqu’à une autre plante, on voit que celle-ci va aussi enclencher son mécanisme de défense. Mais c’est très difficile de reproduire cette expérience de façon convaincante dans la nature. Sur cette question, je fais partie des scientifiques sceptiques.

Quel phénomène avez-vous pu observer en laboratoire?
Pour nos expériences, nous utilisons généralement l’arabette des dames, une petite brassicacée qui pousse n’importe où. Nous plaçons ensuite sur la plante une chenille de la piéride du chou, qui mâche les feuilles avec une certaine voracité. Quand l’herbivore atteint une nervure centrale, la plante émet un signal électrique de 80 millivolts entre ses feuilles. Celui-ci enclenche la production de jasmonate, une hormone de défense, qui met en route tout un programme génétique ciblé sur la digestion de l’insecte. Celui-ci aura une croissance ralentie et sera dès lors plus vulnérable.

L’émission de ces signaux, c’est quand même une forme de communication, non?
 Je dirais qu’il y a une communication au niveau du végétal lui-même, entre les feuilles et les racines. Mais c’est une information qui est toujours très localisée. Dans la nature, aucune défense n’est plus forte que nécessaire. Pas question pour une plante de surinvestir sa protection au risque de prétériter sa croissance. Et s’il devait y avoir une communication entre les végétaux, mais à mon avis, on ne l’a pas encore trouvée, elle devrait être spécifique à chaque espèce.

Pourquoi?
Imaginez un arbre dans une forêt, qui produit un bouquet d’effluves dans le but d’informer ses congénères: les autres espèces pourraient l’espionner. Si c’est un chêne qui lance un signal, le frêne pourrait enclencher ses défenses et devenir plus compétitif. C’est un argument darwinien.

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