Une grande cabane contemporaine
au milieu de la prairie

Chaque mois, nous vous faisons découvrir une habitation exemplaire sur le plan écologique. À Saint-Sulpice (VD), une villa en bois cultive sa différence et sa distinction.
30 août 2024 Sylvain Menétrey
L'habitation est frugale par son empreinte au sol et sa consommation d'énergie, et elle plonge dans la végétation plutôt que le lac.
© DR
L'habitation est frugale par son empreinte au sol et sa consommation d'énergie, et elle plonge dans la végétation plutôt que le lac.
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L'habitation est frugale par son empreinte au sol et sa consommation d'énergie, et elle plonge dans la végétation plutôt que le lac.
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L'habitation est frugale par son empreinte au sol et sa consommation d'énergie, et elle plonge dans la végétation plutôt que le lac.
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Les foins ont été faits la veille au chemin du Crêt, à Saint-Sulpice (VD). On comprend tout de même ce que Max Collomb, architecte comme sa compagne Sara Cavicchioli avec qui il habite dans cette maison contemporaine, cherche à suggérer quand il parle d’immersion dans une mer végétale.

Leur villa de 160 m2 n’occupe qu’une petite portion d’un grand terrain qui appartient à leur famille. «La parcelle était occupée par un vieux pressoir, avec différents problèmes d’étanchéité, qui ne pouvait pas être adapté en habitation; nous l’avons donc détruit en 2021 pour construire cette maison terminée en fin d’année suivante», explique l’architecte du Studio SML de Lausanne.

Cabane en Oregon

Contrairement à d’autres projets du voisinage qui maximisent l’usage du sol dans ce coin de pays où le mètre carré constructible se fait rare et ruineux, ils ont opté pour un projet de taille modeste en superficie comme en hauteur.

Leur «cabane en Oregon», comme ils la décrivent, ne possède qu’un seul étage. Le luxe qu’ils retirent de cette empreinte réduite sur le terrain, c’est cette grande prairie, agrémentée de vieux arbres et de plus jeunes pousses, dans laquelle baigne leur maison.

Elle se déploie au sud de la parcelle jusqu’au temple de style roman de Saint-Sulpice qui jouxte le lac. Les jeunes arbres censés encore s’épaissir ont pour fonction d’abriter l’habitation des rayons du soleil.

En chiffres

160 m2, la surface du bâtiment.

2022, fin des travaux en novembre.

50 m, le périmètre archéologique inconstructible à proximité du temple au sud de la parcelle.

6,5, le nombre de pièces.

20 panneaux solaires (18 photovoltaïques et 2 thermiques).

Paysage distrayant

D’un plan simple, le rectangle de la maison est lui-même divisé en trois rectangles contigus. À l’est, les chambres d’enfants et d’amis, avec de petites fenêtres pour l’intimité, au centre, un grand espace vitré qu’occupent salon et cuisine, et à l’ouest, un dernier bloc comprenant la chambre du couple avec un dressing et une salle de bains.

La cuisine tout en longueur orientée nord bénéficie d’une large ouverture panoramique au-dessus du plan de travail. Son seul défaut, se dit-on, est d’inciter plus à la rêverie qu’à la découpe d’oignons…

Baraque de chemin de fer

Sur une base en béton avec des longrines, la maison arbore des façades en panneaux en bois préfabriqués, lasurés couleur chocolat noir, de Collombey-Muraz (VS). «Nous ne voulions pas entrer en concurrence avec les constructions en pierre des environs comme le prieuré», explique Max Collomb.

Le couple d’architectes a donc poursuivi, en accord avec les maîtres d’ouvrage, ce fantasme de cabane de jardin. Le bois comporte bien sûr des avantages écologiques, à commencer par son caractère renouvelable. «En outre, il isole bien du froid et, associé à un isolant lourd, on peut limiter le risque de surchauffe», complète l’associé du studio SML.

Si elle a opté pour le gaz, un mode de chauffage «controversé» selon sa propre expression, la famille affirme ne quasiment pas allumer la chaudière grâce à la bonne performance thermique de la structure.

Retour au sol

Pour cause de règlement communal, le toit plat dont rêvaient les architectes a dû s’éclipser au profit d’une double pente. Les concepteurs n’ont pourtant pas renoncé à l’originalité en choisissant comme matériau du Swisspearl – ex-Eternit – et en dessinant un pan qui se prolonge au-delà du faîte pour donner un effet dynamique à la structure.

«Une manière d’éviter le côté baraque de chemin de fer qu’on peut reconnaître dans les maisons basses d’un seul étage», ajoute Max Collomb. L’usage du fibrociment ondulé comme revêtement permet par ailleurs de se passer de cheneaux, l’eau s’écoule dans les rainures et retourne au sol où elle s’infiltre. Des panneaux solaires posés sur le toit produisent l’équivalent de la consommation électrique du ménage.

Inscrite dans la pente douce du terrain, la construction s’élève d’un mètre côté sud et se prolonge par une terrasse en béton. Cette plateforme minimaliste semble planer au-dessus de la végétation par la grâce d’un joint négatif qui la détache de la façade. Malgré la proximité du lac, on n’aperçoit pas le Léman de la terrasse. «C’est toute l’arrogance de cette maison», en rit Max Collomb. Ou la noblesse de sa modestie.

Les architectes

Le Studio SML (comme Sara, Max et Luciana Diaz, la troisième associée) a été fondé par trois alumni de l’école d’architecture de Mendrisio (TI) en 2014. Basé à Lausanne, il est actif dans la construction et la rénovation de maisons individuelles ou de locaux d’entreprises, et prend part à des concours pour des bâtiments publics.

+ d’infos www.studiosml.ch

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