Une Vaudoise prend les rênes du concours complet international
Dans une écurie des hauts de Lausanne, Frédérique Reffet Plantier passe la bride au cheval d’une amie, prêté le temps de la séance photo. Les gestes sont parfaitement maîtrisés, naturels à force d’être répétés.
Pourtant, celle qui vient de prendre ses nouvelles fonctions de directrice du concours complet à la Fédération équestre internationale (FEI), cette discipline qui consiste à enchaîner une reprise de dressage, un cross et un parcours de saut d’obstacles, ne monte plus à cheval. «Pour l’instant en tout cas, souffle-t-elle. Mon emploi du temps ne me le permet pas. J’apprécie donc tout particulièrement les mercredis après-midi où j’accompagne ma fille Camille à son cours de poney à Yverdon-les-Bains.»
Jamais loin des chevaux
C’est dans le Nord vaudois, justement, qu’elle a grandi et suivi son cursus scolaire, guidée en filigrane par son attrait pour le monde équestre. «Nous avions des chevaux à la maison et je passais toutes mes vacances au manège de ma marraine, qui m’a transmis sa passion pour l’animal. Mon père est actif dans l’élevage depuis toujours et il continue à faire naître des chevaux de saut.»
Le vent d’hiver fait onduler la couverture posée sur le dos de l’équidé. Elle la caresse d’un geste distrait. «Mes jobs d’étudiante avaient pour principal objectif d’acheter du beau matériel pour mon cheval», confie en souriant la rayonnante trentenaire. Avant d’entrer à l’université, elle part une année dans une écurie au Pays de Galles.
Les chevaux dicteront également le choix de son lieu d’études pour son master: ce sera Louvain, en Belgique, où elle pose ses bagages et sa monture chez un cavalier de haut niveau. De retour en Suisse, elle est sélectionnée pour suivre un second cursus à la prestigieuse université de Saint-Gall. Son cheval est blessé, ses études lui laissent moins de temps, l’équitation est mise entre parenthèses.
Son univers
Un livre
«Le dernier livre que j’ai dévoré est «Bungalow», de Julien Blanc-Gras.»
Un film
«Le diable s’habille en Prada», de David Frankel. Je n’arriverais même pas à dire combien de fois je l’ai vu!»
Un lieu
«Le Café Primeur, à Yverdon-les-Bains, où les enfants sont les bienvenus. On y retrouve souvent des amis.»
Un plat
«Les lasagnes de mon mari. Je ne cuisine pas. Heureusement, lui oui!»
A la FEI depuis 2012
Forte de plusieurs expériences dans de grandes entreprises, des opportunités concrètes s’offrent à elle, avec des contrats à durée indéterminée à la clé. Mais lorsque la Fédération équestre internationale lui propose un simple contrat de trois mois, elle n’hésite pas une seconde.
L’aventure au sein de l’organisme, plus haute autorité mondiale des sports équestres, débute en 2012, d’abord comme assistante administrative au sein du département du concours complet. «On m’a petit à petit confié davantage de responsabilités, jusqu’à m’intégrer à l’équipe du management pour les Jeux olympiques de Rio.»
Dans les rouages du sport
Il faut dire qu’elle a plus d’une corde à son arc: outre avoir été cavalière de concours, Frédérique Reffet Plantier a endossé les rôles de speaker, puis de présidente du concours hippique et du club équestre d’Yverdon-les-Bains. «Ce ne sont pas seulement mes diplômes et le fait que je sois cavalière qui ont séduit la FEI, mais aussi mon implication dans la communauté sportive. Elle m’a permis de comprendre les rouages de cet univers.»
Nous prenons des mesures pour garantir le bien-être des chevaux. Cela passe par des règles plus strictes.
En 2021, elle quitte quelque temps le complet pour collaborer avec les deux plus hauts responsables de la fédération, Sabrina Ibáñez et Ingmar De Vos. Et décroche dans la foulée le poste de directrice du concours complet. «C’est le job de mes rêves, s’enthousiasme-t-elle. Je travaille avec des cavaliers qui étaient mes héros, comme le double médaillé d’or olympique américain David O’Connor.»
La séance photo est terminée. Le cheval retrouve son box et reçoit quelques carottes en récompense de sa patience. Les écuries laissent alors place au quartier général de la Fédération équestre internationale, bel édifice du centre-ville de la capitale olympique. Les défis qui attendent Frédérique Reffet Plantier à son nouveau poste sont nombreux, le monde de l’équitation se retrouvant régulièrement sous le feu des critiques des défenseurs de la cause animale.
La sécurité d’abord
«Il y a de la pression, mais la FEI est proactive. On met en place des mesures pour améliorer au quotidien le bien-être des chevaux, et pas seulement lors des manifestations de haut niveau. Nous travaillons avec les fédérations nationales afin de sensibiliser toute la communauté aux besoins naturels des équidés. Cela passe aussi par l’amélioration constante des règlements, avec par exemple l’instauration, l’automne dernier, de tests antidopage hors compétitions.»
Pas de quoi inquiéter cette mère de deux jeunes enfants, à l’esprit créatif et entrepreneurial – elle vient par ailleurs de développer une application conseillant des bonnes adresses aux parents globe-trotteurs. En tant que directrice, elle devra orchestrer le travail d’une équipe qui gère plus de 800 compétitions internationales, superviser différentes commissions, échanger avec cavaliers, officiels, organisateurs et fédérations nationales. Avec pour mission de servir sa discipline en l’accompagnant vers plus de sécurité sans la dénaturer. «Des progrès significatifs ont déjà été réalisés dans la gestion du risque. Nous mettons tout en œuvre pour continuer dans cette direction.» Mais cela attendra demain: c’est l’heure d’emmener les enfants à leur cours d’équitation.
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