Reportage
Recyclable à l’infini, le verre est collecté depuis près d’un demi-siècle

Chaque mois jusqu’à l’été, nous partons à la découverte des principales filières de recyclage du pays. Cinquième épisode consacré au verre, un matériau qui connaît le taux de récupération le plus élevé. 

Recyclable à l’infini, le verre est collecté depuis près d’un demi-siècle
Bouteilles de vin, bocaux de confiture ou encore pots de sauce tomate. Une fois vidés, tous ces contenants terminent leur course avec fracas au fond d’une benne de récupération. Pour l’immense majorité d’entre eux en tout cas. Car les Suisses font en effet figure de bons élèves en la matière: «En 2020, les ventes d’emballages en verre pour boissons ont atteint 318’709 tonnes et la quantité de verre usagé recyclé 314’691 tonnes. Cela correspond à un taux de recyclage de 99%», note VetroSwiss. Cette association est mandatée par l’Office fédéral de l’environnement pour prélever et gérer les taxes d’élimination anticipées (TEA) pour le recyclage des emballages de boissons en verre. Mais comment celui-ci fonctionne-t-il exactement?

100’000 tonnes recyclées
À Saint-Prex (VD), Vetropack fait office de pionnier dans le domaine. «Notre entreprise a été la première en Suisse à concevoir un système de recyclage du verre usagé. Nous avions commencé par fabriquer du verre neuf, mais la crise économique des années 70 nous a forcés à trouver d’autres solutions. Vetropack a ainsi mis des bennes de collecte à disposition des communes dès 1976, faisant du verre le premier matériau à être collecté en Suisse», explique Marc Kuster, responsable approvisionnement chez Vetropack. Chaque année, ce sont ainsi plus de 100’000 tonnes de verre usagé qui sont recyclées au sein de l’usine de Saint-Prex. Une fois acheminés par camion, les tessons sont d’abord nettoyés. Une souffleuse permet de retirer tout ce qui n’a rien à faire dans la masse: bouchons, couvercles, bouts de métal ou d’aluminium, bouteilles en PET ou morceaux de carton qui se sont égarés dans le mauvais conteneur.

Le verre est ensuite brossé grossièrement pour ôter les étiquettes et les restes d’aliments éventuels. Une fois traitée, cette matière passe dans un four chauffé à très haute température pour y être fondue. «Le point de fusion se situe autour de 1550 degrés. Les tessons se transforment alors en une masse liquide incandescente. Théoriquement, cette matière pourrait être utilisée telle quelle pour reformer de nouveaux contenants, mais à Saint-Prex, nous y ajoutons les matières premières de base de la fabrication du verre, à savoir du sable de quartz, de la soude, de la dolomite, de la chaux, du feldspath, des agents d’affinage et également du colorant vert, car nous produisons essentiellement des bouteilles de cette teinte. Pour des raisons de qualité et d’intensité des couleurs, il n’est en effet pas possible de produire exclusivement à partir de verre recyclé», explique Marc Kuster.

10% de bouteilles non conformes
Chaque futur flacon est donc constitué de 85% de verre recyclé et de 15% de nouvelles matières premières. Toute cette masse liquide reste au four durant vingt-quatre heures. Puis vient la création des bouteilles. Un mécanisme fait couler des «gouttes» de cette masse qui sont ensuite soufflées dans des moules répartis sur quatre lignes de production. Les bouteilles sortent à une température de 700 degrés et sont soumises à un processus de refroidissement durant une heure et demie. Dernière étape, le contrôle qualité permet de vérifier que chaque contenant soit propre à la vente. «Nous avons environ 10% de bouteilles qui ne sont pas conformes. Celles-ci sont alors refondues pour en fabriquer de nouvelles», détaille Marc Kuster. Les autres sont conditionnées et mises sur des palettes qui sont ensuite acheminées par camion aux différents clients de Vetropack.

Industrie lourde
L’immense four de l’usine de Saint-Prex, qui est alimenté au gaz, contient en permanence 350 tonnes de verre fondu, sept jours sur sept. «L’arrêter représenterait une perte d’énergie considérable», explique Marc Kuster. Car le recyclage du verre relève de l’industrie lourde.

«C’est une activité polluante, même si l’utilisation de filtres magnétiques sur notre site de Saint-Prex permet aujourd’hui de limiter l’émission de poussières. Il faut aussi rappeler que la fonte du verre usagé nécessite moins d’énergie que celle des matières premières primaires. Plus le pourcentage de verre usagé est élevé, plus les économies d’énergie sont donc importantes: 10% de verre usagé génèrent 3% d’économies d’énergie et réduisent de 7% les émissions de CO2», poursuit Marc Kuster. Le responsable insiste aussi sur l’importance de trier les contenants par couleurs dans les bennes. «Refondre du verre à partir de tessons de même coloris permet d’économiser de la matière première et surtout de l’énergie, optimisant ainsi le processus de recyclage», conclut-il.

+ d’infos Rendez-vous le 11 août pour le sixième et dernier volet de cette série sur le recyclage.

 

Texte(s): Aurélie Jaquet
Photo(s): Vetropack

En chiffres

La Suisse compte environ 22’000 conteneurs à verre gérés par les communes et les villes

La quantité de verre recyclé équivaut à plus de 40 kg par an et par habitant

71% du verre usagé collecté sont transformés en nouvelles bouteilles. Une partie est valorisée en Suisse, le reste à l’étranger (France, Allemagne)

28% servent à la fabrication de matériaux d’isolation

1% seulement est recyclé différemment. Il s’agit principalement de bouteilles qui sont lavées et réutilisées telles quelles

+ d’infos www.vetropack.ch