Road trip, randonnée ou grimpe: les chats partent aussi à l’aventure

Les félins sont toujours plus nombreux à découvrir de nouveaux horizons avec leurs maîtres. Mais ces derniers doivent veiller à ce que cette vie nomade ne devienne pas une source de stress pour leur compagnon.
6 octobre 2022 Véronique Curchod
DR

Longtemps, seuls les chiens accompagnaient leur propriétaire lors de ses déplacements. Les chats toutefois ne sont plus en reste. Sur les réseaux sociaux, on ne compte plus les publications de félins en vadrouille aux quatre coins du monde, que cela soit en canoé dans les montagnes Rocheuses, en randonnée dans les Alpes ou en bateau sur l’Atlantique.

Ce phénomène mondial touche aussi la Suisse. «Milwyn a déjà visité une douzaine de pays, s’enthousiasme Rachel Bandieri, de Berolle (VD). De la Pologne à la Hollande, en passant par la Lituanie, la Finlande et la Suède, elle nous accompagne dans tous nos périples. Cet hiver, elle va nous suivre pour un séjour de plusieurs mois en Norvège.» Toujours munie d’une balise GPS, par sécurité, elle adore explorer les alentours du van et agrandit chaque jour son terrain de jeu, lorsque l’escale se prolonge.

Quant à Shappo, un jeune chat de race norvégienne, il se joint à Camille Antonoff et son ami Loïs dans leurs escapades sportives. «Il est particulièrement agile sur les chemins de montagne et randonne jusqu’à trois heures en notre compagnie, témoigne la jeune femme. Dès qu’on le siffle, il revient vers nous.» Mais là où le félin fait vraiment sensation, c’est certainement quand le couple part grimper. L’animal reste alors au pied des voies, tandis que ses maîtres perfectionnent leur technique. Ce jour-là, dans la région de Château-d’Œx (VD), il décide de les imiter, en s’essayant un peu à l’escalade.

Le buzz et ses conséquences

Ces témoignages font rêver, mais le chat, réputé indépendant, peut-il réellement s’adapter à de tels changements? Si les propriétaires l’affirment, les spécialistes se montrent plus dubitatifs. «Il peut le supporter par habitude, mais je suis plus perplexe que cela se passe sans stress, observe Marylène Wassenberg, comportementaliste au centre de formation le Monde du chat, à Aubonne (VD). À un certain moment, le risque de mal-être de l’animal pourrait amener des comportements dits «gênants», du type élimination hors litière, agressivité ou maladie.»

Sans être territorial au sens strict du terme, le chat est en effet attaché à son environnement, qu’il investit mètre après mètre. Il y dépose des marquages qui l’apaisent. Une déterritorialisation fréquente exige donc un solide équilibre émotionnel et un attachement important à son propriétaire. Pour beaucoup de félins nomades, le van ou le camping-car peuvent cependant faire office de lieu de référence. «Emmener un chat en voyage reste une mode encouragée par les réseaux sociaux pour faire le buzz sur internet, regrette Marylène Wassenberg. Par respect pour l’animal, il faut rester attentif aux signaux qu’il montre, s’il est stressé. Ce n’est pas en un demi-siècle que l’on va modifier Felis Catus en une prétendue nouvelle espèce de chat-chien.»

Accoutumance progressive

Si la majorité des félins ne sont pas aventuriers dans l’âme, certains s’avèrent néanmoins plus à l’aise que d’autres pour crapahuter ici ou là. Dans tous les cas, seule une adaptation progressive dès le plus jeune âge est gage de succès. «Cela dépend davantage de l’environnement auquel l’animal est habitué quand il est chaton, de sa personnalité et de son niveau de crainte naturelle, que de la race, explique la doctoresse Colette Pillonel, vétérinaire comportementaliste. Lors de la période de socialisation, entre 3 et 16 semaines, un milieu riche en stimulations favorisera l’accoutumance à de tels changements. Et un chat au tempérament curieux aura plus de facilité à l’extérieur, quand il est exposé à des situations inédites.»

Aussi bien Milwyn que Shappo ont ainsi été habitués dès les premiers mois à partir en pérégrinations. «C’était notre objectif depuis le début, note Camille Antonoff. Séduits par la beauté et l’élégance des félins, nous avons privilégié un chat plutôt qu’un chien pour son autonomie, plus facile à gérer au quotidien. Mais nous souhaitions pouvoir l’emmener avec nous partout, et sans laisse, afin qu’il ne reste pas seul à la maison. Nous avons eu beaucoup de chance que son caractère d’explorateur s’y prête bien.» Pour l’heure, l’élégant norvégien se balade le long de la paroi rocheuse, en attendant d’autres aventures.

Questions à...

Colette Pillonel, vétérinaire comportementaliste

Peut-on habituer un chat à être baladé en laisse?
C’est possible pour certains sujets, mais ce sont plutôt des cas exceptionnels, car ils n’aiment en général pas la contrainte. J’ai vu également des chats partir spontanément en balade avec leur maître et son chien: ils suivent alors jusqu’à un certain point de la promenade, puis attendent ou rentrent à la maison. Ce sont souvent des félins qui ont un lien très étroit avec les autres membres du foyer.

À quoi faut-il prendre garde?
Il est important d’habituer progressivement l’animal au matériel, notamment au harnais, ainsi qu’à de nouveaux environnements, en utilisant le renforcement positif. Aller trop vite risque au contraire de le sensibiliser. On privilégiera des endroits calmes et sans risques, avec des cachettes naturelles.

Et le propriétaire doit être à l’écoute de son compagnon à quatre pattes…
Oui, lors des essais de sortie, il faut être attentif aux signaux de peur et respecter la réaction de son animal, en renonçant en cas d’angoisse. Dès qu’un chat a accès à un milieu inédit, c’est comme si on lui donnait un nouveau territoire. Il va alors s’accommoder de ces escapades et en ressentira le manque si on ne le sort pas régulièrement.

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