JO de Paris
Robin Godel et son cheval en forme olympique à l’aube des Jeux

Le cavalier fribourgeois de 25 ans s’est qualifié pour le concours complet avec Grandeur de Lully CH. Nous l’avons suivi lors des derniers préparatifs avant la compétition la plus importante de sa saison.

Robin Godel et son cheval en forme olympique à l’aube des Jeux
«Indéniablement, les Jeux olympiques représentent le graal, s’enthousiasme Robin Godel. Tout le programme d’entraînement de mes chevaux a été organisé en fonction de cet objectif. Comme cet événement n’a lieu que tous les quatre ans, la préparation en amont est énorme, j’y travaille depuis des années.» Le cavalier fribourgeois établi à Donatyre (VD) a de quoi se réjouir: ses excellents résultats, dont une victoire à domicile début juin lors du concours complet international d’Avenches (VD), lui ont permis d’être sélectionné pour Paris. «J’y pense tout le temps, d’autant plus que l’échéance se rapproche à grands pas. J’aborde cette période avec beaucoup d’excitation et de motivation.»Robin Godel a la chance de pouvoir compter sur son fidèle partenaire, Grandeur de LullyCH, qu’il monte depuis une dizaine d’années et à qui il doit d’avoir rejoint l’élite mondiale, grâce au soutien de l’éleveur Jean-Jacques Fünfschilling (lire l’encadré). «On se connaît par cœur, je sais que je peux compter sur lui.» Ce jour-là, Robin Godel peaufine la préparation physique de son athlète équin en effectuant un entraînement de galop sur le terrain «military» de l’Institut équestre national d’Avenches, où sont basés une partie de ses chevaux. Après une phase d’échauffement, il poursuit par une dizaine de minutes au galop, en alternant montées et descentes, afin de travailler l’équilibre. La séance se termine par un sprint sur 500 m. «Le but est d’augmenter les capacités respiratoires de Grandeur, afin que sa condition physique lui permette d’enchaîner sans souci les nombreux obstacles du cross.»

Un entraînement sur mesure
Robin Godel était déjà du voyage lors des derniers JO, à Tokyo. «Mais j’ai l’impression de vivre ma première expérience olympique, se réjouit le Fribourgeois. Tokyo s’était déroulé à huis clos, dans une ambiance très particulière à cause de la pandémie de Covid. Paris sera assurément différent, avec le soutien et l’enthousiasme du public qui promet d’en faire une vraie fête sportive.»Les semaines qui précèdent les Jeux ne sont pas de tout repos, entre préparation sportive et organisation du voyage. Début juillet, le cavalier sera en lice à Aix-la-Chapelle, en Allemagne, afin de décrocher sa dernière qualification avec sa monture de réserve, Global DHI. Et jusqu’au dernier moment, ses deux montures olympiques vont poursuivre le travail. «Je ne vais néanmoins rien changer à l’entraînement habituel, relève le sportif. La faute à ne surtout pas commettre est de vouloir trop en faire à cause de ce rendez-vous… et de risquer alors un surentraînement, dommageable pour le cheval. Si les résultats ont été au rendez-vous cette année, c’est parce que mon programme fonctionne.»

La particularité du concours complet est de réunir trois disciplines (lire ci-contre). Réaliser le juste dosage entre celles-ci demande beaucoup de tact et de sensibilité. Bien que le cross et ses obstacles naturels soient l’épreuve phare, Robin Godel va mettre l’accent ces prochains temps sur d’autres aspects, notamment le dressage. «Grandeur a une telle expérience qu’il n’est pas nécessaire de travailler les obstacles naturels. En revanche, le programme olympique de dressage diffère de ceux dont on a l’habitude, avec davantage de technicité. Afin de garder Grandeur motivé mentalement, je varie le plus possible les séances, à raison de six fois par semaine, n’oubliant pas des balades en extérieur.»


Objectif ambitieux
Si tout est organisé en fonction des deux chevaux olympiques, la vie quotidienne continue malgré tout, et ce jusqu’au jour du départ. Le cavalier fribourgeois entraîne également huit autres montures, pour des clients ou pour le commerce. Et donne plusieurs fois par semaine des cours. À raison d’une heure par jour et par cheval, en plus du suivi de ses élèves, les journées sont longues et commencent tôt. Encore quelques semaines et il sera temps de prendre la route. «Nous effectuerons le trajet jusqu’à Paris de nuit, afin d’éviter la circulation et de permettre aux chevaux de voyager avec des températures plus agréables. Pour eux, les JO restent un événement comme un autre. Je ne pense pas qu’ils soient conscients de l’enjeu.»

Les épreuves équestres vont se dérouler dans les jardins de Versailles, ce qui promet un beau spectacle. «Le cross comportera de nombreux virages à 90°, qui demandent un cheval très maniable. Ce format devrait bien convenir à Grandeur. Mais afin de ne pas me mettre trop de pression, j’essaie d’aborder ces Jeux comme une autre compétition.» Avec malgré tout des objectifs élevés: le Fribourgeois vise un podium en équipe et une place dans les huit premiers en individuel.

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): Pierre-Yves Massot

Compétition sur trois jours

Le concours complet est composé de trois épreuves partielles: le dressage, le saut et le cross. Les JO de Paris réuniront 65 concurrents en individuel, ainsi que 16 équipes. L’événement commencera le samedi 27 juillet, avec le dressage, suivi du cross, d’une distance de 5500 mètres environ avec 42 efforts. La compétition se terminera par le saut d’obstacles. Si quatre athlètes suisses ont été sélectionnés, seuls trois d’entre eux prendront le départ, le quatrième étant sur place en tant que cavalier de réserve. Le choix définitif aura lieu quelques jours avant l’épreuve, en fonction de la forme des chevaux. Une autre cavalière romande sera du voyage, la Lausannoise Mélody Johner avec Toubleu de Rueire.

Un élevage de niveau international

Grandeur de Lully CH, le cheval que monte Robin Godel, lui est confié par Jean-Jacques Fünfschilling, Ce Fribourgeois verra pour la troisième fois un équidé de son élevage participer aux Jeux olympiques. Grandeur a de qui tenir, puisque son grand-père Gauguin de Lully CH avait brillé sous la selle de Christine Stückelberger, remportant en 1988 la médaille d’argent par équipe et la médaille de bronze individuel aux Jeux olympiques de Séoul, en dressage. En 2004, le fils de Gauguin, Mr G de Lully, terminait à la 10eplace des JO d’Athènes dans la même discipline. «Mon but a toujours été de montrer qu’on peut produire en Suisse des chevaux rivalisant au niveau international, souligne Jean-Jacques Fünfschilling. Je m’y engage depuis des années, faisant des sacrifices pour garder les meilleurs équidés de mon élevage et les confier à des cavaliers talentueux, plutôt que de les vendre. Je suis fier qu’une monture 100% helvétique, et même 100% fribourgeoise, soit au départ des JO.»