Reportage
Sortie dépaysante et ludique au royaume des saint-bernards

Durant l’hiver, diverses excursions en compagnie de chiens sont organisées. En Valais, la Fondation Barry propose, elle, aux petits et aux plus grands de découvrir une race emblématique des Alpes à travers des balades.

Sortie dépaysante et ludique au royaume des saint-bernards
Ce jour-là à Champex-Lac (VS) alors que le thermomètre affiche -15°C, la température ambiante ne refroidit pas l’enthousiasme des participants à la balade mise sur pied par la Fondation Barry. À la question «qui veut monter sur la luge?», les mains des enfants se lèvent avec vigueur. Le saint-bernard Dasty, un impressionnant mâle reproducteur à poil long de près de 80 kilos, est chargé de tirer le petit traîneau. Quant à Syrah et Replay, les femelles, elles seront promenées en laisse. Parents et bambins se mettent alors en route, sous la conduite de deux gardiennes d’animaux qui travaillent pour l’institution, dont la mission première est d’assurer la pérennité d’un élevage qui existe depuis trois siècles.Le cheminement, entièrement plat, fait le tour du plan d’eau. L’étendue glacée se devine sous l’épaisse couche de neige qui a recouvert le paysage. «Cet itinéraire se prête bien à une sortie familiale, note Madeleine Wagner, chargée de communication pour la Fondation Barry. En été, nous organisons aussi des randonnées au col du Grand-Saint-Bernard, mais le dénivelé impose alors d’être assez sportif pour apprécier l’expérience.»

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la race emblématique des Alpes remporte un franc succès. L’activité, proposée tous les week-ends de janvier et février depuis une dizaine d’années, affiche complet cet hiver, et ce depuis mi-décembre déjà. «Les familles représentent l’immense majorité des personnes qui viennent partager ce moment avec nos chiens, se réjouit Madeleine Wagner. Nous avons principalement une clientèle romande, bien que des touristes étrangers profitent également de cette opportunité.»

Un apprentissage progressif
La petite fille qui s’est confortablement installée sur la luge rayonne de plaisir, alors que Dasty développe toute sa force et son énergie. S’il peut paraître curieux d’atteler ainsi un canidé, cette pratique s’avère en fait ancestrale. En Suisse, il n’était pas rare que le chien de la ferme soit chargé d’amener les boilles de lait à la laiterie, alors que d’autres artisans utilisaient ce moyen de transport pour certaines cargaisons. «Nous entraînons progressivement nos saint-bernards à cet exercice, explique Céline Jemmely, une des gardiennes d’animaux de la Fondation Barry. Il faut un certain temps pour les désensibiliser aux limonières en bois qui touchent leur flanc. Notre but est qu’ils soient confiants.»

La formation commence à l’âge d’une année au plus tôt, avec un char vide. Si certains individus préfèrent tracter une luge, d’autres se prêtent mieux à la marche en laisse; on leur demande alors de ne pas tirer. «La race est plutôt réputée un peu pataude, indique la gardienne. Notre rôle est de réussir à la motiver, en rendant l’exercice intéressant. Nous avons à cœur de sélectionner des reproducteurs qui soient athlétiques et adaptés à la montagne.»

Prendre confiance
À Champex-Lac, les pieds crissent dans la neige fraîche, alors qu’un panorama somptueux se dévoile aux yeux des participants. Le rythme doux et régulier offre la possibilité de s’imprégner de la région. Malgré leur grande taille, ces saint-bernards, particulièrement affectueux, se font guider sans souci par des bambins pesant la moitié de leur poids. Un garçon tient fièrement la laisse, sous l’œil attendri de ses parents, impressionnés par le calme de l’animal. «Même si l’objectif de cette sortie est uniquement ludique, de telles expériences permettent aux enfants de prendre confiance. Nous utilisons d’ailleurs également cet aspect-là dans notre programme «Barry social», de façon à notamment favoriser le développement et l’apprentissage des jeunes. Nos chiens aiment et ont pour la majorité besoin de ce contact avec les gens.»

Les promeneurs rencontrés en chemin s’arrêtent, curieux de croiser ces imposants spécimens. La boucle terminée, ce contact privilégié avec une race unique a donné goût à la jeune Emilie de prolonger cette parenthèse. Sur le chemin du retour, elle s’arrêtera à Barryland – le musée vivant du saint-bernard, à Martigny –, afin d’admirer la portée de chiots nés dernièrement.

+ d’infos Sorties les week-ends de janvier et février. Prix adulte 39 fr., de 2 à 16 ans 18 fr. Seuls les enfants jusqu’à 8 ans peuvent monter dans la luge. Réservation sur www.fondation-barry.ch

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): Sedrik Nemeth

Des activités hivernales variées

Au grand galop
Si le ski joëring évoque les courses de Saint-Moritz (GR) avec des pur-sang débordant d’ardeur, plusieurs structures proposent de découvrir la discipline en compagnie de chevaux adaptés. Tracté par un équidé, le skieur s’élance… au galop. L’animal est majoritairement monté par un cavalier.


Un air d’Alaska
Assis dans le traîneau ou debout sur l’attelage, difficile de ne pas s’imaginer conquérir le Grand Nord canadien, emmené par une meute de huskies débordant de fougue. Les prestataires sont nombreux à proposer des initiations en Valais ou dans le Jura.


En mode trappeur
Il est aussi possible de se balader en raquettes avec des chiens nordiques. Une longe relie l’animal à une ceinture que le promeneur fixe autour de sa taille. La légère traction en avant exercée par le canidé donne l’impression de marcher beaucoup plus facilement.


Pour les sportifs aguerris
Le FatBike est un vélo tout-terrain aux larges pneus permettant de rouler sur des chemins recouverts de neige. Aux Reussilles (BE), un husky peut tracter l’engin. Un bon sens de l’équilibre et une certaine endurance sont néanmoins recommandés.


Tous en piste
Ski de fond et canidés ne font généralement pas bon ménage – les animaux peuvent dégrader le tracé, faire peur aux autres usagers ou souiller la neige. Cependant, quelques rares pistes acceptent les chiens: Saint-Croix-Les Rasses, La Givrine (VD) et Arolla (VS).