À Crissier, l’esprit du fruit se cultive de génération en génération

Couronnés de filets protecteurs, les arbres, en rangs serrés, forment de longues lignes de verdure parsemées de taches orangées et vermeilles. Sur leurs branches, se gorgeant de soleil, des fruits mûrissent tranquillement sous l’œil attentif de Valentin Blondel. Au pied des troncs, le goutte-à-goutte de l’arrosage automatique rompt le silence paisible du lieu. Un écrin de nature dans la clameur de la ville.

Même si on reste sur une culture conventionnelle, nous avons mis beaucoup de choses en place pour la biodiversité

Nul ne pourrait se douter que nous sommes à Crissier (VD), où l’arboriculteur gère le domaine familial depuis 2018. Rien ne laissait présager cependant qu’il reprendrait l’exploitation baptisée L’Esprit du fruit. «J’ai grandi ici, sans être intéressé par ce métier, car j’avais la fibre un peu geek et l’envie de suivre de grandes études hors du domaine de l’agriculture», raconte-t-il. Un jour pourtant, Valentin Blondel réalise la splendeur de son cadre de vie et, après avoir fait l’école d’horticulture de Lullier et un bachelor en agronomie à l’HEPIA, il décide d’emboîter le pas à son père et à sa mère, Michel et Eliane. «À 70 ans, mes parents œuvrent toujours à 100% et m’accompagnent dans toutes mes démarches, c’est une chance incroyable», s’exclame-t-il.

Cerises et pommes en série

Le domaine de 32 hectares, dont 5 de verger et 17 de grandes cultures – blé, maïs, colza, triticale et orge – est en production intégrée. «Nous travaillons sur des modèles bas résidus, et dès qu’il y a une alternative efficace en bio, nous la privilégions. Même si on reste sur une culture conventionnelle, nous avons mis beaucoup de choses en place pour la biodiversité», explique le Vaudois. Le labour, l’ensemencement et les moissons prennent un peu de temps, mais l’essentiel de l’activité est fourni par les fruits, qui rythment la vie de la ferme: taille hivernale, traitements contre les ravageurs, éclaircissage de façon à obtenir des calibres homogènes, récolte, tri et plantations d’automne s’échelonnent au cours des saisons.

Dès fin mai, les cerises bigarreau, charnues et croquantes, sont prêtes à être cueillies, suivies par les pêches blanches, jaunes, les nectarines et les brugnons dès mi-juin, puis le fellenberg, roi des pruneaux, qui fait la fierté de l’exploitation. À partir de mi-août, un cortège de pommes se partage les étals jusqu’en hiver: gala, golden, topaze, opale, rubinette, diva, boskoop, bonita, braeburn, pinova… En tout, Valentin Blondel cultive plus d’une quinzaine de variétés différentes. Enfin, les poires font leur apparition en automne et se conservent parfois jusqu’à la fin mars. Sur l’année, on récolte ici en moyenne entre 60 et 80 tonnes de pommes, 15 de poires, 12 de cerises, 8 de pruneaux, 4 d’abricots et 3 de pêches. Une production impressionnante.