Siroscope, le sirop d'Earl Grey qui sublime le thé glacé

Fans de thé froid, Sonia et Nicolas Droz revisitent le breuvage dans leur atelier de Boudry (NE) 
en n'utilisant que des ingrédients bios. Ils rêvent de conquérir les aficionados de cette boisson désaltérante.
23 août 2024 Manuella Magnin
N'affectionnant guère le thé froid industriel, Sonia et Nicolas Droz ont créé leur propre version artisanale.
© Matthieu Spohn
N'affectionnant guère le thé froid industriel, Sonia et Nicolas Droz ont créé leur propre version artisanale. Dans leur atelier de Boudry (NE), ils concoctent un sirop de thé (ici d'Earl Grey) que leurs clients pourront consommer avec de l'eau.
© Matthieu Spohn
N'affectionnant guère le thé froid industriel, Sonia et Nicolas Droz ont créé leur propre version artisanale. Dans leur atelier de Boudry (NE), ils concoctent un sirop de thé (ici d'Earl Grey) que leurs clients pourront consommer avec de l'eau.
© Matthieu Spohn
N'affectionnant guère le thé froid industriel, Sonia et Nicolas Droz ont créé leur propre version artisanale. Dans leur atelier de Boudry (NE), ils concoctent un sirop de thé (ici d'Earl Grey) que leurs clients pourront consommer avec de l'eau.
© Matthieu Spohn

Siroter un exquis thé glacé artisanal, exempt d’additifs et de colorants, concocté avec de bons ingrédients naturels issus de l’agriculture bio, Sonia et Nicolas Droz l’ont toujours fait. Mettre ce breuvage à la portée de tous, c’est le défi qu’ils ont choisi de relever voici sept ans. «Au début, nous stockions nos bouteilles de thé froid maison dans le frigo. Mais six ou huit flacons pour étancher notre soif, c’était plutôt encombrant!» explique le couple de trentenaires neuchâtelois.

C’est alors qu’a surgi une idée de génie: fabriquer un sirop de thé artisanal à mélanger à l’eau du robinet. Au terme de quelques essais, soumis à un panel d’amis, le concept est affiné et le Siroscope voit le jour. Nicolas Droz abandonne son job dans l’horlogerie pour se consacrer pleinement au projet. Sonia poursuit encore quelques années son travail dans un domaine viticole du canton avant de le rejoindre.

La durabilité avant tout

Le Siroscope se veut le plus durable et sain possible. L’embouteillage, l’emballage et surtout le transport d’un litre d’eau en bouteille dévorent jusqu’à 1000 fois plus d’énergie que la distribution d’un litre d’eau du robinet. De plus, l’emballage en plastique libère des perturbateurs endocriniens mauvais pour la santé et la nature.

Pour faire un bon sirop de thé durable, il faut du thé bio, du sucre bio, de la bonne eau et des bouteilles en verre. Rien de plus, rien de moins. Le Siroscope propose cinq parfums classiques et deux créations saisonnières chaque année dans des bouteilles en verre consignées.

Les artisans

Après une maturité option philosophie, Sonia Droz entame des études de journalisme qu’elle interrompt pour travailler durant douze ans dans un domaine viticole du canton de Neuchâtel. Elle y partage son temps entre la communication et l’administration. Nicolas a choisi la biochimie au collège avant d’étudier la philosophie, le français et la physique à l’université. Au retour d’un voyage d’un an en Asie, il est engagé par une entreprise horlogère. L’aventure du Siroscope démarre il y a sept ans dans un garage. Les trentenaires, devenus parents en 2021, ont choisi d’en faire le projet de leur vie.

Quantité tenue secrète

L’Earl Grey est l’un de ses best-sellers, qui plaît autant aux particuliers qu’aux restaurateurs. On file au labo pour assister à la création d’une cuvée de 120 bouteilles de 5 dl qui permettront de préparer 1000 litres de thé glacé.

Tout commence par le rinçage et la stérilisation des bouteilles en verre dans un four vapeur. Nicolas Droz plonge ensuite une quantité tenue secrète de thé Earl Grey aux parfums de bergamote dans 25,5 l d’eau à 100°C qu’il mélange minutieusement à l’aide d’une araignée en inox. Il verse le sucre dans une marmite basculante, y ajoute de l’eau.

Au bout de 1 h 15, le sirop de sucre est prêt à être transvasé dans une immense marmite, posée sur un transpalette afin d’alléger les manipulations. Le thé infusé est soigneusement essoré au travers d’une première passoire, puis d’une deuxième afin d’éliminer un maximum de dépôt en bouteille, et les deux liquides sont mélangés.

Réseau local

La mise en bouteille à chaud est réalisée au moyen d’un entonnoir à piston qui garantit un dosage précis. Lorsque les flacons sont froids, ils sont étiquetés à la main. Ils sont prêts à être envoyés pour les commandes en ligne ou livrés chez les clients en Romandie et en Suisse alémanique. Le couple consacre quatre jours par mois à la production de 1200 bouteilles, deux jours à l’étiquetage, et effectue des livraisons à ses clients une ou deux fois par semaine.

Sonia et Nicolas Droz souhaitent, autant que faire se peut, travailler avec des fournisseurs locaux. Les bouteilles en verre sont achetées en Suisse, les cartons fabriqués par la maison Brieger Emballages à Couvet, le graphisme est réalisé par Alias Giroscope à Colombier (NE). Les bouteilles consignées sont lavées et stérilisées par Réseau Consignes à Gimel (VD). «Nous sommes encore à la recherche d’un artisan qui pourrait utiliser le thé infusé pour créer des savons, par exemple», lance Nicolas Droz.

Thé froid prisé

Siroscope commercialise 10 000 bouteilles par an et rêve de quadrupler sa production pour en vivre pleinement. Un défi impossible? Pas si sûr! Les Suisses sont les plus gros consommateurs de thé froid en Europe. Chaque habitant en sirote 30 litres par année. Le prix de revient d’un litre de thé froid réalisé avec leur sirop artisanal est de 1 franc 90 pour les particuliers et de 97 centimes pour les restaurateurs. Soit en dessous des prix pratiqués par certains industriels de l’agroalimentaire.

Les bouteilles de Siroscope se conservent jusqu’à quatorze mois au garde-manger, et six mois une fois ouvertes et stockées au frigo.

Des États-Unis à l'Europe

En 1877, l’auteure américaine Estelle Woods Wilcox publie un livre de recettes comprenant celle du thé glacé. Deux ans plus tard, l’ouvrage Housekeeping in Old Virginia propose lui aussi sa version de ce breuvage et recommande de laisser infuser le thé vert pendant la journée à froid, de remplir ensuite des verres de glaçons, de verser du sucre cristallisé puis le thé par-dessus. En 1904, lors de l’exposition universelle de Saint-Louis aux États-Unis, le propriétaire d’une plantation de thé a l’idée d’ajouter des glaçons aux échantillons gratuits qu’il propose aux spectateurs. La boisson aurait été popularisée à cette occasion. L’ice tea industriel a été lancé aux États-Unis au milieu des années 1960, avant de déferler sur l’Europe.

Envie de partager cet article ?

+ d’infos www.siroscope.ch

Achetez local sur notre boutique

Découvrez les produits

À lire aussi

Accédez à nos contenus 100% faits maison

Abonnez-vous

La sélection de la rédaction

Restez informés grâce à nos newsletters

Inscrivez-vous
Icône Connexion