Portrait
Une cuisine locale et familiale, la recette du succès de Mrs Martinez

Nouvelle chroniqueuse de Terre&Nature, Héloïse Martinez cartonne également sur Instagram, où elle partage quotidiennement ses créations gourmandes qu’elle concocte chez elle, à Rossens (FR).

Une cuisine locale et familiale, la recette du succès de Mrs Martinez
Sur Instagram, elle officie aux fourneaux sous le pseudo de «MrsMartinezCooks», partageant quotidiennement ses créations gourmandes et familiales avec ses 15′000 abonnés. Depuis la rentrée de janvier, Héloïse Martinez – de son vrai nom – s’illustre également sur papier chaque semaine comme nouvelle chroniqueuse culinaire de Terre&Nature. En plus de ces deux activités, la Fribourgeoise de 38ans concocte des recettes pour Swissmilk et pour une nutritionniste. C’est donc logiquement dans sa cuisine qu’elle nous reçoit, pièce centrale de la maison familiale de Rossens où elle vit avec son époux et leurs quatre enfants. Elle apparaît derrière la porte, carré blond et sourire aux lèvres. «Désolée, c’est un peu le bazar, j’ai une vidéo à tourner cet après-midi», s’excuse-t-elle. Un flash trône devant le frigo, des photos de famille et des dessins décorent les murs du salon. Près de l’entrée, une étagère révèle une collection de livres de recettes et de la vaisselle pour ses séances photo.Présente également en librairie
Par la fenêtre, on aperçoit des poules qui picorent en liberté dans le jardin. L’hiver, lorsque la table familiale reprend sa place dans la salle à manger, la véranda se transforme en studio, où Héloïse Martinez immortalise les plats qu’elle poste sur les réseaux sociaux. Une activité dans laquelle la Fribourgeoise s’est reconvertie il y a quatre ans.

«J’ai commencé comme plein de gens par poster quelques photos sur Facebook. Certains de mes amis se sont mis à m’écrire afin de me demander mes recettes. Une copine m’a conseillé de créer un blog culinaire. Petit à petit, j’ai tourné des vidéos pour Instagram et mon public s’est étoffé», raconte Héloïse Martinez. Pendant le confinement, elle fabrique son pain au levain, cela plaît à ses abonnés et sa communauté grandit encore. «J’ai perdu mon emploi de secrétaire au moment du Covid. Après un moment de panique, je me suis dit que c’était peut-être l’occasion de développer mon activité dans la cuisine», raconte la Fribourgeoise. Alors qu’elle immortalisait jusque-là ses créations avec son téléphone, elle investit dans du matériel et s’inscrit à des cours de photographie en ligne. «Cela m’a permis de me former tout en restant à la maison», confie cette mère d’un garçon et trois filles âgés de 4 ans à bientôt 11 ans.

Héloïse Martinez dit volontiers que c’est pour eux qu’elle s’est mise aux fourneaux. «J’avais 18 ans quand mon mari et moi avons emménagé dans notre premier appartement. À cette époque, on cuisinait très peu. Cela a changé quand nous avons eu notre première fille. Ayant été moi-même une enfant un peu compliquée à table, j’ai eu envie de les habituer à manger de tout dès leur plus jeune âge.» Elle imagine des recettes de saison et originales, changeant des sempiternelles courgettes et carottes vapeur. Pari réussi: son aînée demande à chacun de ses anniversaires ses désormais fameuses tagliatelles aux épinards et gorgonzola. «Ce plat est hérité de ma mère et j’en raffole depuis toujours. C’est réconfortant, savoureux, ça me rappelle l’enfance. Je l’ai revisité avec du bleu de Grangeneuve et tout le monde l’adore à la maison», relève la Fribourgeoise. Il figure d’ailleurs dans le livre qu’Héloïse Martinez a publié en octobre dernier et qui recense 80 assiettes salées et sucrées inspirées du terroir romand: risotto à la courge et fromage de chèvre de la région, saucisse de ménage, purée de panais et sauce aux poireaux, betteraves rôties au fromage de chèvre et au miel, brochet du lac au tzatziki. «Si je devais définir ma cuisine, je dirais qu’elle est simple, locale et familiale. Mais pas forcément rapide, j’aime aussi parfois un bon ragoût mijoté.» Sorti en octobre 2023, son livre s’est déjà écoulé à près de 2000 exemplaires, des ventes plus qu’honorables pour la Suisse romande.

Travail sur les plantes sauvages
Un succès inattendu pour une reconversion qui l’est tout autant. Car au départ, rien ne prédestinait la trentenaire à faire de la cuisine son métier. «Quand j’étais petite, je piquais les Betty Bossy de ma maman afin de pâtisser. Au collège, j’ai même consacré mon travail de matu aux plantes sauvages en gastronomie. Mais lorsqu’il a fallu choisir un métier, c’est vers les arts visuels que j’ai eu envie de me tourner», raconte-t-elle. Son père ingénieur et sa mère éducatrice spécialisée l’encouragent toutefois à se lancer dans une voie «plus sérieuse» selon eux. Une fois sa maturité économique en poche, Héloïse Martinez s’en va d’abord au Canada dans le but de parfaire son anglais et s’inscrit à son retour en faculté de pharmacie à l’Université de Fribourg. «J’ai abandonné après deux ans, puis j’ai commencé le droit. Mais cela ne m’a pas plu davantage et j’ai arrêté en fin de deuxième année.» Elle change radicalement de cap et s’engage alors pour un stage en pâtisserie, mais constate rapidement que les horaires de travail seront incompatibles avec une vie de famille. «Les années passaient et il était temps que je trouve enfin un métier, alors je me suis lancée dans une formation d’assistante en gestion et administration que j’ai cette fois terminée», plaisante Héloïse Martinez. Lorsqu’on lui demande de définir sa profession actuelle, la Fribourgeoise hésite avant de répondre. «Créatrice de recettes de cuisine? Oui, je dirais ça. C’est un joli métier, non?»

+ d’infos Les recettes d’Héloïse Martinez sont à déguster chaque semaine dans Terre&Nature, sur son compte Instagram @mrsmartinezcooks et dans son livre Alors, bon appétit!, Éditions Bois Carré.

Texte(s): Aurélie Jaquet
Photo(s): Mathieu Rod

Son univers

Un lieu
La maison de vacances de mes grands-parents. «En Haute-Savoie, un lieu qui m’est très cher. Ce sont mes meilleurs souvenirs d’enfance et aujourd’hui, j’y emmène ma famille.»

Un livre
Croqu’menus. «Ma bible. Je l’ai reçu en cours de cuisine à l’école. Il est corné, taché, scotché de partout, mais il me suivra toujours.»

Un film
«Pretty Woman». «Je le regarde chaque année. C’est cliché, mais j’adore cette histoire.»