Une fratrie bâtit ses logements autour de la villa de son grand-père

Une fois par mois, nous vous emmenons à la découverte de logements exemplaires du point de vue environnemental. À Villy (VD), une maison de 1960 se retrouve au cœur d’un habitat communautaire familial.
18 janvier 2024 Céline Duruz
Séverin Malaud/DR

Le visage du hameau de Villy, rattaché à la commune d’Ollon (VD), a quelque peu changé. À l’extrémité du village, une maison datant des années 1960 a récemment disparu des regards. Elle n’a pas été démolie pour autant, mais se trouve aujourd’hui au cœur d’un habitat communautaire où logent trois frères et sœur. L’ancienne villa, repeinte en blanc, a été entièrement vidée pour devenir un vaste espace commun à la disposition des locataires. Si on ne l’aperçoit plus depuis la rue, c’est qu’elle est désormais cernée et cachée par trois logements boisés qui bénéficient tous d’une vue plongeante sur la vallée du Rhône.

On œuvre pour la préservation du patrimoine bâti et l’on est conscient du caractère fini du territoire actuel. On a réfléchi au maintien de cette maison d’apparence banale, mais qui a une riche histoire familiale.

À l’origine, les parents des locataires actuels souhaitaient mettre à disposition de leurs trois enfants cette parcelle de plus de 2000 m2, afin qu’ils puissent en bénéficier à parts égales. Bien qu’ériger trois villas individuelles aurait été possible, le bureau d’architectes Madeleine a proposé une variante, à la fois plus écologique et économique: conserver le bâtiment existant et construire du logement privatif autour de celui-ci.

Partager plutôt que diviser

«On œuvre pour la préservation du patrimoine bâti et l’on est conscient du caractère fini du territoire actuel. On a réfléchi au maintien de cette maison d’apparence banale, mais qui a une riche histoire familiale. Les propriétaires y ont grandi et aujourd’hui, ce lieu les rassemble, raconte Maxence Derlet, l’architecte du bureau Madeleine. Ils ont accepté l’idée de partager l’existant, plutôt que de le subdiviser.»

Des règles de vie en communauté ont été fixées et peuvent être modifiées selon les besoins de chacun. L’orientation des différents logements assure à chaque locataire le sentiment d’être chez soi, une fois franchis les passages, qui sont eux collectifs. Des massifs font office de barrières végétales, délimitant l’espace de chaque ménage. Tous disposent d’un jardin et peuvent profiter d’un potager accessible à tous.

«Les cloisons de l’ancienne maison ont été ôtées et un apport de lumière a été apporté sur l’une des façades. L’étage est devenu un espace à vivre commun servant de jardin d’hiver ou de salle de jeux, poursuit l’architecte. Il est relié aux logements, construits en U autour de lui, par des passerelles.»

Au rez, la chaudière à mazout a laissé la place à des locaux techniques, à trois caves individuelles, ainsi qu’à un lieu de stockage partagé et un atelier de réparation vélo. L’ensemble est chauffé grâce à la géothermie. Des panneaux photovoltaïques, installés au sud, fournissent l’énergie nécessaire aux ménages.

En chiffres

1 bâtiment de deux étages, comprenant trois appartements, entourant l’ancienne villa familiale érigée dans les années 1960.

110 m2, la surface de chacun des trois logements de l’immeuble. S’ajoutent les 140 m2 de la maison déjà construite sur la parcelle, où se trouvent quatre caves, un local technique et un atelier.

1,85 million de francs, le coût total des travaux. Le chantier s’est terminé en 2022.

Intérieurs modulables

Les appartements sont conçus à l’identique, avec un espace à vivre d’une quarantaine de mètres carrés au rez, où se trouve la cuisine avec un accès à une terrasse dans une structure en béton. Elle est surplombée par une construction en bois lamellé-collé offrant trois pièces et une salle de bains par habitation, sur une surface de 110 m2.

«Les espaces sont délimités par des cloisons non porteuses, note Maxence Derlet, dont le projet a reçu une distinction romande d’architecture. On a opté pour des matériaux bruts, de manière que tout le monde puisse s’entendre sur l’aspect extérieur, unifié, de la construction. À l’intérieur, en revanche, chaque famille a créé un mobilier à son goût, que ce soit par le choix des matériaux ou des teintes, afin qu’elle puisse s’approprier les lieux.»

Les logements ont été pensés de telle façon qu’ils soient transformables en fonction de l’évolution du nombre d’habitants dans les ménages. «Cela tombe bien: entre le début et la fin des travaux, deux enfants ont rejoint cette grande famille», confie Maxence Derlet en souriant.

Les architectes

Antoine Béguin et Maxence Derlet ont fondé Madeleine architectes, basé à Vevey (VD), qui a imaginé ce projet avec le Studio François Nantermod. Après avoir été actif dans la transformation et les rénovations énergétiques, leur bureau, employant trois autres personnes, vient notamment de remporter le concours pour la création du futur centre médical et de la crèche d’Évolène (VS).

+ d’infos www.mdln.org

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