Portrait
Yodleuse et rêveuse, elle fait résonner la Suisse loin à la ronde

La décalée Barbara Klossner, alias Miss Helvetia, sort un nouveau single. L’album, baptisé Volksmusig on the Rocks, sera disponible en septembre. En attendant, elle se produit en Romandie jusqu’au mois prochain.

Yodleuse et rêveuse, elle fait résonner la Suisse loin à la ronde
Si vous l’avez déjà vue, que ce soit en direct, en vidéo ou à la télévision, cela ne vous aura sûrement pas échappé: elle a comme un petit quelque chose, Miss Helvetia. On ne saurait trop le décrire… Une forte personnalité, ça, c’est sûr. Un petit brin de folie? Il semblerait bien. Une bonne humeur communicative? Certainement. Elle le confirme dans un large sourire: «Évidemment, je suis née pour ça!» C’est vrai que l’entertainment, comme elle le dit, ça la connaît. Et ça lui réussit plutôt bien… Nous la rencontrons d’ailleurs à l’hôtel Edelweiss à Genève, où elle donnera un spectacle plus tard dans la soirée.Mais pour Barbara Klossner, pas de show sans sa voix. Une autre chose pour laquelle la Bernoise semble être née: «Le yodel, je l’ai appris dans le ventre de ma mère. À ma naissance, mon grand-père a dit: «Ça y est, une nouvelle yodleuse a vu le jour!» Plutôt visionnaire, le papy. Pourtant, si sa petite-fille fait maintenant salle comble un peu partout en Suisse romande et dans le monde, le chemin qui la faisait rêver petite relevait d’une autre forme d’art: «J’ai toujours voulu devenir ballerine, confie-t-elle. À 8 ans, j’ai appelé moi-même une école de danse pour m’inscrire à des cours et mis mes parents devant le fait accompli. J’étais déjà complètement sûre de moi!» s’exclame-t-elle.
La morphologie du Diemtigtal
Malgré une volonté d’acier et un travail assidu, elle ne fera pas de carrière professionnelle dans la danse classique. La faute, peut-être un peu, à ses origines: elle vient d’une vallée de l’Oberland bernois réputée pour abriter quelques champions… de lutte. «J’ai une carrure bien du Diemtigtal, à savoir mieux taillée pour combattre dans la sciure que pour faire du ballet», révèle-t-elle. Un sport que Miss Helvetia a laissé à ses cinq frères, qui ont tous suivi les traces de leur papa. «J’aurais sûrement bien réussi dans cette discipline, mais je suis beaucoup trop princesse pour de tels duels», confie-t-elle en passant sa main dans ses cheveux. «Non, ce n’est pas pour moi!», s’amuse-t-elle en s’imaginant en lutteuse.La Bernoise fait tout de même bon usage de cette constitution musclée, qui se révèle plutôt utile pour son activité. «Chanter, danser, captiver les gens, faire le show lors de concerts, c’est un vrai sport, admet-elle. Je m’entraîne beaucoup, car je ne peux pas me permettre de me blesser lors d’une chorégraphie, sinon, je n’ai plus de travail. Je mange également selon un régime précis, suivi de près par mon médecin.» Eh oui, la yodleuse n’ingurgite pas plus de 1600 calories par jour, raison pour laquelle elle se balade toujours avec une petite balance sous le coude. D’ailleurs, elle ne peut s’empêcher de peser un bout du muffin qui se trouve sur la table devant nous, pour accompagner son thé au lait qui ne doit être ni trop chaud, ni trop froid, pour préserver sa gorge. «Je suis si gourmande, vous n’imaginez pas!»Que l’on ne s’y méprenne pas: si vivre du yodel s’avère exigeant, la quadragénaire s’épanouit dans cette voie. «Ce chant traditionnel a toujours fait partie de ma vie, c’était normal de le pratiquer avec ma mère. Cependant, ni elle ni moi ne l’envisagions comme un métier.» Sa vie professionnelle, Barbara Klossner l’entame à l’âge de 18 ans, lorsqu’elle quitte la maison familiale – un peu trop remplie à son goût –pour travailler dans le marketing à Genève. En parallèle, la jeune femme prend la direction d’un chœur de yodel, dont l’effectif double en une année. Puis d’un autre. Elle se met également à donner des cours individuels, mais aussi des concerts, leur nombre augmentant rapidement, si bien que… «Je n’avais plus le temps de travailler!» confie-t-elle.

Fidèle à elle-même
Ainsi, Miss Helvetia était née, sans même qu’elle s’en rende compte. «En fait, ce nom vient d’un spectateur qui, lors d’une représentation, m’a dit: «Tu franchis le Röstigraben, tu es la Helvetia, toi!» Et je me suis dit: pourquoi pas? C’est vrai que cette femme que l’on voit sur les pièces de deux francs, forte, avec le regard sûr et des jambes bien ancrées dans la terre, me correspond bien.» Barbara Klossner ne se dissocie d’ailleurs pas de son double: «Miss Helvetia, c’est 100% Barbara Klossner! Elle est folle, lâche-t-elle avec la joie de vivre qui la caractérise. Cela serait impossible pour moi de jouer un rôle. Le yodel est une pratique vraie, authentique. On ne peut pas tricher.»

C’est donc fidèle à elle-même, naturelle et sans artifice, que la yodleuse en est arrivée à enchaîner les représentations en Suisse, en France, en Afrique, en Corée et jusqu’au Brésil, où elle enregistre actuellement une production. «J’ai chanté à l’Opéra de Lausanne et à celui de Marseille. J’étais suspendue à un fil, à dix mètres du sol, c’était vraiment magnifique, raconte-t-elle, des étoiles plein les yeux. C’était un exercice vocal et physique difficile de yodler dans cette posture, mais quand j’étais là-haut, j’ai pensé: OK, je ne suis pas devenue danseuse classique, mais je suis quand même ici, à me produire dans ce bel opéra. Comme quoi, il ne faut jamais arrêter de rêver!»

+ d’infos Miss Helvetia se produira le 18 mai au Corbak Festival (NE), le 8 juin au Festi Musiques Moudon (VD), le 15 juin au PALP Festival (VS). Retrouvez toutes les dates sur www.misshelvetia.com

Texte(s): Muriel Bornet
Photo(s): FRIJ

Son univers

Un objet
Ma petite balance. «Au cas où une gourmandise se trouverait sur mon passage, je l’ai partout avec moi!»

Un lieu
La salle de danse. «Je me rends toujours à la même depuis mes 8 ans: je m’y sens chez moi!»

Un personnage
Mary Poppins. «J’adore ce genre de fantaisie, que je me plais à apporter dans le yodel.»

Une émission
Le Tagesschau. «J’aime m’informer devant le journal télévisé ou des programmes politiques.»